
La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a annoncé, ce jeudi 13 mars, la fin du mandat de sa mission militaire en République Démocratique du Congo (RDC). La décision, prise lors d’un sommet extraordinaire des chefs d’État de la région, marque un tournant majeur dans la gestion du conflit opposant Kinshasa aux rebelles du M23 soutenus par le Rwanda.
Le sommet extraordinaire de la SADC s’est tenu ce jeudi avec la participation effective des Présidents ou représentants de Présidents de 15 pays sur les seize que compte l’organisation. Seul l’archipel des Comores n’était pas représenté à cette réunion qui s’est tenue en ligne. La principale décision prise par cette rencontre convoquée pour discuter de la situation à l’est de la RDC est le retrait de la mission de la SAMIDRC du pays.
Une mission écourtée face à une situation dégradée
Le sommet de la SADC a décidé de « mettre fin au mandat » de la force déployée en RDC, la SAMIDRC, et d’ordonner un retrait progressif des troupes. Cette annonce intervient alors que la situation sécuritaire dans l’Est du pays continue de se détériorer, avec la prise récente de Goma et Bukavu par les rebelles du M23. L’organisation régionale a exprimé sa « grave préoccupation » face à la progression des groupes armés et au blocage des principaux axes d’approvisionnement humanitaire.
Les préparatifs de désengagement avaient déjà commencé la semaine dernière, selon des sources proches du dossier. La décision de retrait a été envisagée dès le 6 mars, lors d’une réunion virtuelle de la Troïka de la SADC avec les pays engagés dans la mission.
Un échec stratégique pour la SADC ?
La SAMIDRC a un bilan contrasté. Déployée, en remplace de la force de l’EAC jugée par Kinshasa trop conciliante avec les rebelles, pour soutenir l’armée congolaise et stabiliser la région, elle s’est rapidement heurtée à des difficultés opérationnelles. L’Afrique du Sud, principal contributeur avec environ 2 900 soldats, a payé un lourd tribut avec 14 de ses militaires tués sur un total de 18 pertes au sein de la mission. Cet engagement militaire est devenu un sujet de controverse à Pretoria, où l’opposition critiquait une mission jugée inefficace et coûteuse.
La fin de la mission de la SADC laisse un vide sécuritaire important, alors que les forces congolaises peinent à contenir l’avancée des rebelles. La SADC a néanmoins réaffirmé son soutien à la souveraineté de la RDC et plaidé pour une solution politique impliquant toutes les parties prenantes du conflit.
Félix Tshisekedi dos au mur ?
Le retrait de la SAMIDRC soulève des interrogations sur la prochaine stratégie de Kinshasa. Le Président Félix Tshisekedi a remercié la SADC pour son engagement, mais doit désormais compter sur d’autres alliés pour contenir la menace rebelle. L’Angola a annoncé une nouvelle tentative de médiation entre les parties en conflit, et des discussions diplomatiques sont en cours pour relancer les processus de paix de Luanda et Nairobi.
De plus, la communauté internationale suit de près l’évolution de la situation. Le Conseil de sécurité de l’ONU a récemment adopté la résolution 2773, visant à renforcer les efforts pour une solution durable. Toutefois, sans engagement militaire clair d’autres acteurs, l’est de la RDC risque de sombrer davantage dans l’instabilité.
Alors que la SADC prépare son retrait progressif, l’avenir de la région reste incertain. Les regards vont désormais se tourner vers l’Angola dont le Président a déjà annoncé des actions en vue de l’ouverture de négociations directes entre les autorités congolaises et le M23 à Luanda. Cette option semble finalement la seule qui s’offre au Président Félix Tshisekedi qui, jusqu’alors, avait toujours écarté toute discussion direction avec le M23.