Dans une interview qu’il a accordée, ce dimanche, à l’Agence d’information du Burkina Faso, Aboubakar Nacanabo, s’est prononcé sur le retrait de la CEDEAO des trois pays de l’Alliance des États du Sahel.
Le retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger continue de défrayer la chronique. Ce dimanche, c’est le ministre burkinabè de l’Économie et des Finances, Aboubakar Nacanabo, qui s’est prononcé sur le sujet. Après le capitaine Ibrahim Traoré et le Premier ministre Apollinaire Kyélem de Tambela. Pour Aboubakar Nacanabo, en annonçant leur départ, les trois pays n’ont fait que « matérialiser » ce qui était depuis des mois. Étant donné que ces trois pays étaient exclus de toutes les instances de l’organisation régionale, depuis que les militaires se sont installés au pouvoir.
« Depuis les changements intervenus au Burkina, au Mali et au Niger, nous étions déjà exclus de la CEDEAO. Nous n’étions plus invités aux grandes activités de la CEDEAO », a martelé le ministre. Il a rappelé les réunions de la Conférence des chefs d’État, du Conseil des ministres ou même de certaines réunions techniques auxquelles les trois pays n’étaient plus invités. « Nous avons trouvé cela déplorable. La décision du 28 janvier (2024) est une décision prise pour matérialiser véritablement leurs sorties », a expliqué Aboubakar Nacanabo.
La CEDEAO, grande perdante de ces retraits ?
Des propos du ministre burkinabè, il ressort que la CEDEAO est la grande perdante de ces retraits. Passer de 15 à 12 membres d’un coup ne saurait être sans conséquence pour l’organisation. Il avance même des chiffres. À l’en croire, la CEDEAO perdra au moins 45 milliards de F CFA de prélèvements communautaires. Par ailleurs, le Burkinabè estime également que les trois États qui se retirent concentrent l’essentiel des ressources naturelles de tout l’espace. Il balaie du revers de la main les propos selon lesquels les trois pays enclavés sont fragiles. « Les ressources sont là. Il suffit que nous puissions avoir l’intelligence nécessaire pour pouvoir les exploiter à bon escient pour faire de cet espace, un espace viable et surtout prospère », a-t-il indiqué.
Le Burkina Faso demeure dans l’UMOA
Se retirer de la CEDEAO est une chose. Rester dans l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA) et donc dans la zone Franc en est une toute autre. Et là-dessus, la position du ministre burkinabè de l’Économie et des Finances est claire. Le pays demeure dans l’UMOA. Si le Burkina Faso et ses deux voisins ont quitté la CEDEAO, c’est parce que pour eux, l’organisation « s’est véritablement écartée des idéaux de ses pères fondateurs ». Et d’ajouter : « Nous avons également constaté que la CEDEAO est par moments manipulée par des puissances étrangères. Nous estimons que cette façon de fonctionner ne correspond pas à ce que nous avons comme vision ». Il a expliqué que les trois États n’ont pas contre l’UMOA les mêmes griefs. « En ce qui concerne l’UMOA, jusqu’à présent, nous n’avons pas ces mêmes reproches. Donc nous restons membres de l’UMOA », a-t-il conclu.