Le 5e Festival panafricain de musique a fermé ses portes, samedi à Brazzaville, après une semaine de festivités. Le ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme, Jean-Claude Gakosso, s’est prêté au jeu des questions-réponses devant la presse internationale pour faire le bilan de l’événement. Rien n’a été épargné au président du comité directeur du Fespam, qui salue avant tout la très bonne affluence pendant le festival.
De Brazzaville
Quel est le bilan que le ministre congolais de la Culture, des Arts et du Tourisme dresse de la cinquième édition du Festival panafricain de musique (Brazzaville, 9 au 17 juillet) ? Quels sont ses commentaires sur les quelques difficultés qu’a rencontrées le festival ? Celui qui est également le président du comité directeur de l’événement a été soumis, samedi, au feu des questions de la presse internationale.
Quelles sont vos impressions quant à ce 5e Fespam ?
Jean-Claude Gakosso : C’est à vous que je devrais poser la question. Je préfère m’abstenir de porter un jugement de valeur. Je dirais simplement que les spectacles se sont déroulés dans de bonnes conditions. Je pense également qu’à travers la programmation, nous avons largement vulgarisé le thème de cette cinquième édition : « Héritage de la musique africaine dans les Amériques et les Caraïbes ». Il faut par ailleurs souligner que le Festival a bénéficié d’une remarquable affluence. Un public chaleureux qui a, à chaque fois, rempli le stade Félix Eboué (près de 30 000 personnes se massaient en effet certains soirs dans le stade, ndlr). Cela a même donné lieu à des bousculades, heureusement sans conséquence majeure.
Justement le public congolais semble quelque peu chauvin dans ses goûts.
Jean-Claude Gakosso : Le public de Brazzaville paraît difficile, parfois peu ouvert, mais ce n’est qu’une impression. Il écoute aussi bien du zouk, du reggae que du hip-hop. Il est vrai que la masse reste mal informée. Il y a un travail de vulgarisation à faire au niveau, notamment des promoteurs ou des tenanciers de boîtes de nuit. C’est un travail de longue haleine.
La programmation était beaucoup moins ambitieuse que l’édition précédente. Comment l’expliquez-vous ?
Jean-Claude Gakosso : Nous avons volontairement décidé de réduire le contingent de journalistes et d’artistes. A cela il faut rajouter certains aléas que nous ne pouvions prévoir. Le groupe Aragon (le plus ancien orchestre de Cuba, ndlr) devait par exemple venir, mais il n’a pas pu quitter l’île à cause d’un cyclone. Les avions étaient tous cloués au sol. Nous avons en revanche pu accueillir un groupe haïtien (Original H, ndlr) qui a même fait l’ouverture. Ce qui était très important pour nous considérant le thème que nous avions choisi, Haïti étant la première République noire de l’Histoire.
Quelles sont les retombées concrètes du Fespam ?
Jean-Claude Gakosso : Il est difficile de quantifier ce genre de chose dans le domaine culturel. Le Fespam offre une autre image de l’Afrique, souvent vue comme un univers de calamités. Les retombées économiques du Fespam sont nombreuses, dans la téléphonie mobile, chez les hôteliers, chez les restaurateurs, même dans le bâtiment…
Il a eu de nombreux ratés dans la présente édition. Quels sont vos commentaires sur ces couacs ?
Jean-Claude Gakosso : Le Fespam est une œuvre humaine, il y a donc forcément des imperfections. La perfection relève seulement du divin. Et puis nous évoluons dans un contexte global de sous développement. Nous sommes un pays pauvre et nous implorons votre compréhension par rapport aux difficultés que le Festival a pu rencontrer. Nous mettons les bouchées doubles pour que tout ce passe le mieux possible.
Un festival comme Gospel et Racines au Bénin coûte 800 millions de FCFA, alors que le Fespam revient à 2,5 milliards de FCFA. Le Congo est par ailleurs un pays pétrolier. Peut-on vraiment estimer que le pays évolue dans « un contexte global de sous-développement » ?
Jean-Claude Gakosso : Je ne sais que vous dire sinon que le Fespam est plus lourd à gérer que beaucoup d’autres festivals. C’est un événement de grande envergure qui s’étale sur 7 jours. Nous avons par ailleurs acheté, cette année, un podium d’excellente qualité (auparavant le Fespam louait sa scène, ndlr).
L’une des ambitions initiales du Fespam était de construire un musée de la musique. Où en est exactement le projet ?
Jean-Claude Gakosso : Le musée est un projet qui nous tient à cœur. L’Etat avait d’ailleurs donné un bâtiment à cet effet. Mais ce dernier a subi des affres de la guerre et il nécessite d’importants travaux de réhabilitation. Et cela nécessite des fonds. Nous avons rencontré Alpha Oumar Konaré (président de l’Union Africaine, UA) à Addis-Abeba (Ethiopie, ndlr) et il a pris l’engagement de faire quelque chose à ce niveau. Cela reste un travail de longue haleine.
Qui dit musique en Afrique dit également piraterie. Comment vous placez-vous par rapport au phénomène ?
Jean-Claude Gakosso : La piraterie est une véritable gangrène, à l’image de la corruption. Je ne vais pas faire de langue de bois, nous n’avons pas les moyens d’éradiquer le phénomène. Un phénomène qui dépasse d’ailleurs largement le cadre de la culture. Mais nous avons mis en place une législation pour protéger le droit d’auteur, avec la création du Bureau congolais des droits d’auteurs.