Retour sur la diffusion 2009 de films africains en France


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Le magazine des professionnels du cinéma français Le Film Français diffusait, hier, le bilan 2009 de l’exploitation des films en France. L’Afrique est, comme toujours, faiblement présente et l’Afrique du Nord majoritairement représentée par rapport aux autres parties du continent.

C’est un fait. Dans le classement des films sortis dans les salles françaises entre le 31 décembre 2008 et le 29 décembre 2009, seuls 9 films africains co-produits par la France apparaissent parmi les 676 films cités.

Alors que le film d’animation américain L’âge de glace 3 prend la tête du classement avec plus de 7 millions d’entrées dans 114 salles françaises, le film africain le mieux classé arrive en 310e position. Il s’agit de London River de Rachid Bouchareb, long-métrage co-produit par la France, l’Algérie et la Grande-Bretagne dont l’acteur Sotigui Kouyaté a été sacré meilleur acteur au dernier Festival de Berlin. Cette fiction basée sur les attentats meurtriers de Londres en 2005 cumule 31 237 entrées dans seulement 7 salles françaises.

Arrive ensuite Inland, d’un autre réalisateur algérien, Tarik Teguia, à la 374e place du classement. Co-produit par l’Algérie et la France, ce long-métrage racontant l’histoire d’un topographe algérien et d’une immigrée malienne a mobilisé 12 356 spectateurs dans 2 salles françaises.
A quelques places de là, au 383e rang, se trouve Number One de la réalisatrice marocaine Zakia Tahiri. Entièrement produit par le Maroc, cette comédie sentimentale entre un homme autoritaire et sa femme a séduit 11 720 personnes dans 8 salles de cinéma.
En 439e place, c’est de nouveau un réalisateur algérien qui cumule 6916 entrées : Djamel Ouahab. Documentaire-témoignage sur les premiers essais atomiques français dans le Sahara entre 1960 et 1966, Gerboise Bleue, co-production franco-algérienne, n’a bénéficié que d’une seule salle pour sa sortie française.

Au classement aussi se trouve, en 459e position, le long-métrage Après l’océan de la réalisatrice française Eliane de Latour qui a été co-produit par la France, la Côte d’Ivoire et la Grande-Bretagne. En cumulant 5775 entrées dans 3 salles de cinéma, ce long-métrage sur le retour au pays des immigrés est la première entrée dans le classement 2009 d’un pays d’Afrique de l’Ouest.
Bien loin derrière arrive un autre film réalisé par un étranger, l’américain Lee Isaac Chung, co-produit par le Rwanda et les États-Unis. Munyurangabo, sorti dans une seule salle de cinéma, a reçu le soutien de 389 spectateurs.

En fin de classement arrivent trois films dont les entrées définitives n’ont pas été communiquées. Le documentaire Nos lieux interdits de la réalisatrice Leïla Kilani, co-produit par le Maroc et la France, obtient 400 entrées sur Paris et sa périphérie alors qu’il avait obtenu le prix du meilleur documentaire au dernier FESPACO. L’amusant Making Of du tunisien Nouri Bouzid a cumulé 777 entrées à Paris et en Périphéries sur 4 semaines de diffusion tandis que Les Saignantes du brillant réalisateur camerounais Jean-Pierre Békolo n’a mobilisé que 382 spectateurs sur Paris.

Plus de succès pour l’exploitation 2010 ?

Un bilan assez décevant certes, non par rapport au nombre de spectateurs mais en ce qui concerne les salles de cinéma françaises. Car le cinéma africain effraie les exploitants et la sortie des films (excepté lorsqu’elles sont gérées par de grosses sociétés de distribution) manque de communication pour mobiliser les spectateurs alors que la majorité des films diffusés en salle ont obtenu un financement français pour leur tournage.

Espérons que l’exploitation 2010 sera plus performante pour le cinéma africain en France avec ces quelques dates : la coproduction australienne et sud-africaine Disgrace où Eriq Ebouaney et John Malkovitch partagent l’affiche (3 février) ; Harragas de l’algérien Merzak Allouache (24 février) ; Femmes du Caire de l’égyptien Yousry Nasrallah (7 avril) et Les secrets de la réalisatrice Raja Amari (14 avril). Deux rééditions valent aussi le détour : le splendide Rue Cases-Nègres de la martiniquaise Euzhan Palcy (17 février) et le western algérien Les Hors-la-loi de Tewfik Farès (24 février).

Enfin, mettons tous nos espoirs sur quatre films actuellement en post-production : Hors la loi de l’algérien Rachid Bouchareb (déjà cité ci-dessus pour son film London River); Un homme qui crie n’est pas un ours qui danse du tchadien multiprimé Mahamet Saleh Haroun; Un pas en avant, les dessous de la corruption du béninois Sylvestre Amoussou (remarqué avec son premier long-métrage Africa Paradis) et Violence du talentueux sud-africain Khalo Matabane, déjà récompensé au FESPACO 2009 pour sa splendide série télévisée sur l’apartheid When we were blacks.

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