Retour sur l’élection de Mahmoud Ali Youssouf à tête de la Commission de l’Union Africaine


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Mahmoud Ali Youssouf
Mahmoud Ali Youssouf

Mahmoud Ali Youssouf, ministre des Affaires étrangères de Djibouti depuis 2005, a été élu à la tête de la Commission de l’Union africaine (UA), un poste stratégique qui le place à la tête de l’exécutif de l’organisation continentale. À 59 ans, ce diplomate chevronné a surpris de nombreux observateurs en remportant l’élection face à son concurrent historique, Raila Odinga, l’opposant kényan bien connu. Malgré les attentes placées sur Odinga, Mahmoud Ali Youssouf a mené une campagne discrète, mais efficace, mettant en avant ses compétences diplomatiques et son expérience au service de l’UA.

Youssouf succède au Tchadien Moussa Faki Mahamat, dont le mandat de deux ans a pris fin. Il devient ainsi le nouveau président de la Commission de l’UA, un rôle d’une importance capitale alors que l’Afrique est confrontée à plusieurs crises géopolitiques. Le pays de Youssouf, Djibouti, bien qu’ayant une population modeste d’un million d’habitants, occupe une position stratégique dans la Corne de l’Afrique, notamment grâce à son emplacement près du détroit de Bab-el-Mandeb, par lequel transitent d’importantes routes commerciales mondiales.

Une élection au contexte tendu

L’élection de Mahmoud Ali Youssouf a eu lieu lors d’un vote à bulletin secret, auquel ont participé les États membres ayant le droit de vote. Ce poste de président de la Commission était cette fois réservé à un représentant de l’Afrique de l’Est, renforçant ainsi la symbolique de l’élection. Sa victoire est d’autant plus marquante qu’elle survient dans un contexte de tensions régionales croissantes, notamment avec la guerre en cours au Soudan depuis avril 2023 et la violence persistante dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC).

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Le groupe armé M23, soutenu par l’armée rwandaise, mène une offensive dévastatrice qui menace de provoquer un conflit régional majeur. Cette situation rend la fonction de président de la Commission de l’UA encore plus complexe, car Youssouf devra naviguer dans des eaux diplomatiques troubles pour tenter de maintenir la paix et la stabilité sur le continent.

Un parcours diplomatique de longue date

Originaire de Djibouti, un pays qui joue un rôle clé sur le plan géostratégique malgré sa taille modeste, Mahmoud Ali Youssouf a su se faire un nom au niveau international. Sa carrière diplomatique l’a amené à occuper des postes de responsabilité, notamment celui d’ambassadeur en Égypte. Sa maîtrise du français, de l’arabe et de l’anglais, combinée à ses nombreuses années d’expérience, font de lui un acteur influent dans les cercles diplomatiques africains.

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En dépit des défis internes rencontrés par son pays, notamment dans le domaine de la gouvernance, Youssouf a toujours affirmé que l’Afrique doit surmonter ses difficultés politiques et sécuritaires pour avancer. En décembre dernier, il avait ainsi souligné les problèmes de gouvernance dans certains États africains, évoquant les coups d’État qui ont déstabilisé plusieurs pays ces dernières années, comme le Mali, le Niger, le Burkina Faso et le Gabon. Ce climat politique chaotique a obligé l’UA à suspendre ces pays de ses activités.

Les défis à relever pour l’Union africaine

Les défis auxquels Youssouf doit faire face sont immenses. La guerre en cours au Soudan, où les violences ont défiguré le pays depuis 2023, constitue une menace pour la stabilité régionale. La situation en RDC, en proie à des conflits armés dans l’Est, est également un dossier de taille. Le président de la Commission devra coordonner les efforts diplomatiques pour apaiser ces crises et empêcher qu’elles ne se propagent.

Lors de son entretien avec l’AFP, Mahmoud Ali Youssouf avait évoqué l’urgence de résoudre les conflits internes au continent afin de favoriser le développement économique de l’Afrique. La mise en place de la zone de libre-échange continentale, un projet important pour l’intégration économique de l’Afrique, nécessitera une approche pragmatique en matière de paix et de sécurité. Le diplomate a mis l’accent sur la nécessité de lutter contre les mouvements djihadistes au Sahel et dans la Corne de l’Afrique pour que l’UA puisse concrétiser son objectif de développement.

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