Retard inquiétant dans la lutte contre le VIH chez les enfants


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Vih-Sida (17 nov 21)
Vih-Sida

(Paris, le 17 novembre 2021) A l’occasion de la journée internationale des droits de l’enfant et de la publication de son rapport « Accès aux ARV pédiatriques et analyses virologiques dans 11 pays d’Afrique », Sidaction alerte sur le retard inacceptable de la lutte contre le VIH pédiatrique en Afrique de l’Ouest et du Centre. Traitements inadaptés, accès insuffisant au dépistage et aux examens de suivi, les enfants de moins de 10 ans sont les victimes oubliées de la lutte contre le sida.

Quelques chiffres

2,78 millions d’enfants (0-19 ans) vivent avec le VIH dans le monde en 2020

1/3 des nouvelles infections chez les enfants ont lieu en Afrique de l’Ouest et du Centre

120 000 sont décédés des suites de maladies liées au sida en 2020 dont 72% chez les moins de 10 ans

Le virus du sida est la 1ère cause de mortalité chez les jeunes âgés de 10 à 19 ans en Afrique

Un accès insuffisant au dépistage précoce et au suivi biologique

Selon le rapport de Sidaction, le diagnostic précoce par test de dépistage chez les nourrissons et l’examen de charge virale sont inégalement accessibles dans les pays d’Afrique. Les machines sont centralisées dans les grandes villes et les résultats sont pour la plupart rendus dans des délais trop longs. L’étude souligne qu’en 2020, près de 60% des enfants de moins de 9 ans vivant avec le VIH n’ont pas eu accès au test de la charge virale, permettant de mesurer l’efficacité des traitements. Par ailleurs, seul 30% des sites disposaient des résultats de dépistage du VIH dans un délai de moins d’un mois, tel que conseillé par l’OMS. Quant aux tests de résistance, il est quasiment impossible d’y avoir accès. On estimait déjà dans notre étude 2018 qu’entre 20% et 30% de jeunes de moins de 19 ans sont en échec thérapeutique sans pouvoir être identifiés.

Des traitements inadaptés et insuffisamment diversifiés (source Sidaction)

Une trop grande partie des traitements proposés aux enfants sont inadaptés à leur poids, leur goût ou encore leur capacité à avaler. La disponibilité des traitements antirétroviraux étant aléatoire, les familles sont contraintes d’alterner entre les différentes formes prescrites, avec des risques importants de baisse de l’observance et d’inefficacité du traitement. Alors que l’OMS recommande le dolutégravir pour les enfants de moins de 20 kilos, le rapport met en évidence que ce dernier n’est toujours pas disponible dans les pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre cités dans le rapport.

« Les enfants et les adolescents semblent les grands oubliés de ces 15 dernières années. Malgré les promesses des acteurs politiques, organismes internationaux et de certains laboratoires pharmaceutiques, le VIH pédiatrique est négligé. La riposte à l’épidémie doit être accélérée dans cette zone géographique. Nous avons tous la responsabilité de s’assurer que les 3 millions d’enfants et adolescents vivant aujourd’hui avec le VIH dans le monde deviennent des adultes en bonne santé », déclare Florence Thune, directrice générale de Sidaction.

Face à ce constat dramatique, il est essentiel que les enfants constituent une cible prioritaire de la lutte contre le virus du sida. Les États et instances nationales et internationales de lutte contre le VIH doivent augmenter les financements consacrés à la prévention, aux services et activités de prise en charge dédiés aux enfants et adolescent.e.s vivant avec le VIH et veiller à ce que les politiques et stratégies qui les concernent soient adaptées à leurs spécificités.

Sidaction demande d’accroître l’accès au dolutégravir pédiatrique, de mettre à disposition des alternatives thérapeutiques optimisées pour les enfants de moins de 30 kg et de permettre à tous un suivi virologique plus fréquent.

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