République Dominicaine, pas de droits pour les haïtiens et les noirs


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La discrimination raciale enracinée contre les immigrants haïtiens vivant en République Dominicaine donne lieu à des expulsions en masse et à la négation de certificats de naissance à des milliers de filles et de garçons. L’information d’Amnistie Internationale a été publiée lors de la Journée Internationale pour l’Élimination de la Discrimination Raciale.

« Des lieux de travail jusque dans les rues, les immigrants haïtiens qui vivent en République Dominicaine occupent l’échelon le plus bas dans l’échelle sociale. Les droits les plus fondamentaux leurs sont niés ainsi qu’à leurs enfants nés en République Dominicaine, sous le regard de l’État et de la société dominicaines », a déclaré Gerardo Ducos, enquêteur de Amnistie Internationale sur les Caraïbes.

Au moins un demi million d’haïtiens vit en République Dominicaine, ou ils travaillent dans l’agriculture et la construction. Fuyant la pauvreté de leur pays, ils font des travaux pénibles et mal payés. Chaque année, entre 20.000 et 30.000 haïtiens sont expulsés de la République Dominicaine, dans la majorité des cas sans supervision judiciaire.

Les expulsions sont si arbitraires qu’on est allé jusqu’à expulser de leurs propres pays des citoyens dominicains car ils « semblent être haïtiens ». Le 4 janvier 2006, Matilde, une fillette de huit ans fut appréhendée dans les rues de Santo Domingo par des agents qui la giflèrent deux fois, si fort qu’elle eut la bouche ensanglantée. Par la suite, ils la conduisirent dans un centre de détention pour immigrants illégaux sans lui permettre de contacter ses géniteurs et elle y fut retenue toute la nuit. Ce qui la sauva de l’expulsion vers le Haïti voisin fut l’intervention d’une organisation locale des droits humains qui démontra qu’elle était citoyenne dominicaine. Du seul fait qu’elle était noire, les agents avaient jugé qu’il était évident qu’il s’agissait d’une haïtienne et qu’elle était dans le pays sans autorisation légale.

Le rapport d’Amnistie Internationale a également révélé que la discrimination raciale empêche les dominicains d’ascendance haïtienne d’obtenir des certificats de naissance. Sans ce certificat, ces personnes ne peuvent pas faire des études au-delà du primaire ni obtenir un document d’identité lorsqu’ils atteignent les 18 ans, ce qui les empêche d’accéder au marché du travail et d’exercer le droit de vote.

Eduardo est né en République Dominicaine. Il a 42 ans, mais ne dispose pas du certificat de naissance ou de tout autre moyen d’identification, car son père et sa mère sont haïtiens. Ses quatre enfants ne disposent pas non plus d’aucun document d’identité, alors qu’ils sont nés en République Dominicaine. Pour pouvoir solliciter ne serait-ce qu’un acte de naissance, Eduardo devrait payer des droits de 147 dollars US (un montant supérieur aux revenus mensuels de la famille), et en plus de cela, le gouvernement pourrait le lui refuser.

« La République Dominicaine doit agir pour protéger les droits des immigrants haïtiens et de leurs fils et filles dominicains. C’est sa responsabilité légale », a indiqué Gerardo Ducos.

Amnistie Internationale a demandé aux autorités dominicaines de mettre fin aux expulsions arbitraires des immigrants haïtiens ainsi qu’aux politiques discriminatoires qui empêchent les dominicains d’ascendance haïtienne d’obtenir la nationalité dominicaine.

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