Des combats on éclaté, lundi, près d’Abou Goulem, à une centaine de kilomètres de la ville d’Abéché. Selon les communiqués de l’armée et des dissidents de l’Union des forces pour le développement et la démocratie (UFDD) engagés dans ce conflit, le bilan ferait état d’environ trois cent morts. Ces affrontements marquent la fin du cessez-le feu en vigueur depuis la signature de l’accord de paix du 25 octobre à Syrte, en Libye, entre les rebelles et le gouvernement du chef de l’Etat tchadien, Idriss Déby.
Un mois après la signature de l’accord de paix de Syrthe, en Lybie, des combats à l’est du Tchad près de la ville d’Abou Goulem ont mis fin, lundi, au cessez-le-feu entre l’armée tchadienne et les rebelles opposés au chef de l’Etat Idriss Deby. Les affrontements, qui ont cessé lundi après midi, ont donné lieu à une pléthore de bilans, invérifiables, provenant de sources indépendantes.
La guerre des bilans
Selon l’AFP, l’Etat major de l’armée fait état de « plusieurs centaines de morts (parmi les dissidents), de blessés et de prisonniers de guerre » tandis qu’un communiqué des rebelles de l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD) mis en ligne, lundi, sur Tchadvision, avance le chiffre de « deux cents morts » dans « les rangs ennemis ». Outre des pertes humaines, les deux camps précisent avoir « récupéré » ou « détruit » des véhicules.
Pour l’heure, les deux parties revendiquent la victoire d’Abou Goulem. La présidence tchadienne a affirmé, lundi, à l’AFP que « la colonne avait été détruite ». Le porte-parole de l’UFDD, Mahamat Hassane Boulmaye, dans un communiqué, a quant à lui indiqué que « l’armée tribale d’Idriss Déby avait été mise en débandade, malgré leurs multiples offensives ». Des premières échauffourées auraient eu lieu samedi, suite à la venue d’Idriss Déby à Abéché, le fief de l’UFDD, selon des sources concordantes. Cette provocation du président tchadien n’aurait fait qu’attiser la colère des rebelles.
Un accord de paix non respecté
L’UFDD fait partie des quatre groupes armés qui ont signé le 25 octobre à Syrte en Libye, un accord de paix avec les autorités de N’Djamena. Ce texte prévoyait un cessez-le-feu ainsi que l’entrée des rebelles au gouvernement et leur cantonnement en vue de leur désarmement ou de leur intégration dans l’armée. Un mois après, la situation demeure inchangée. Vendredi, les deux principales rebellions tchadiennes l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD) et le Rassemblement des forces pour le changement (RDC) avaient affirmé à l’AFP que le cessez-le-feu devenait caduc dimanche.
« Je pense que N’Djamena a oublié l’accord », a déclaré le président de l’UFDD, Mahamat Nouri. Il reproche au président tchadien de ne pas avoir « envoyé de délégation pour étudier les aspects pratiques de son application».
Trois des quatre groupes de rebelles qui avaient paraphé, le 25 octobre, l’accord de paix, ont néanmoins réaffirmé lundi, d’après l’AFP, vouloir « sauver » ce traité « dans l’unique but de sauvegarder des vies humaines ».
Le rôle de la France
Cette situation intervient alors que l’Union Européenne tarde à déployer sa force de 3500 hommes dans le cadre de l’Eufor Tchad-RCA qui doit sécuriser les camps de réfugiés du Darfour en proie à la guerre civile. Selon des sources militaires européennes, le déploiement prévu en novembre risque d’être reporté en janvier, en raison d’un manque de moyens aériens. A propos des combats de lundi, le ministère français des Affaires étrangères a confirmé à l’AFP « la nécessité de mettre en place le plus vite possible l’opération européenne ».
Des proches de l’UFDD remettent en question les liens qui unissent la France et le Tchad. Ainsi Mahamat Assileck Halta a déclaré dans un communiqué sur Tchadvision que « c’était grâce à l’unique soutien de l’armée française qu’Idriss Déby continuait à garder son pouvoir au détriment du peuple du Tchad ». Pourtant à l’approche du déploiement de l’Eufor, la France n’est pas prêt de faire faux bond au Tchad qui sera le centre de pilotage de la force européenne.