Alors qu’il devait se tenir mercredi, le procès de l’ex-Première dame Simone Gbagbo a été reporté, a annoncé le gouvernement. Un casse-tête politico-judiciaire qui n’est pas prêt de se terminer.
Simone Gbagbo n’est pas une détenue comme les autres. Et le gouvernement le sait. Le procès de l’ex-Première dame qui devait se tenir mercredi a finalement été reporté, a annoncé le gouvernement. Simone Gbagbo est jugée pour plusieurs chefs d’accusations : « Atteinte à la défense nationale », « attentat ou complot contre l’autorité de l’Etat », « constitution de bandes armées », « direction ou participation à un mouvement insurrectionnel », « trouble à l’ordre public » ou encore « rébellion ».
L’ex-Première dame ivoirienne sera jugée conjointement avec ses 82 co-accusés, anciens cadres du Front populaire ivoirien (FPI). Selon le gouvernement, « le procès aura bel et bien lieu, même s’il connaît un report », sans s’avancer sur une date. Mercredi matin, des dizaines de journalistes ont arpenté, en vain, le hall du palais de justice d’Abidjan-Plateau, dans l’attente d’une cérémonie d’ouverture qui n’a finalement jamais eu lieu.
Recomposition nécessaire du jury à cause des origines ethniques
Pourquoi ce report? Le report serait lié également à une recomposition nécessaire du jury, dont l’origine ethnique des membres, proche de celle du Président Alassane Ouattara, pourrait causer des suspicions à l’heure du verdict, selon plusieurs sources judiciaires. « Il faut tenir compte de l’environnement politique, il s’agit d’un procès politique », a jugé la porte-parole adjointe, par ailleurs ministre de la Communication.
« Un procès politique pour museler l’opposition avant 2015 »
Les 83 accusés seront jugés notamment pour atteinte à la sûreté de l’État. Un autre procès pour crimes de sang se tiendra ultérieurement. Pour le moment, aucun responsable partisan d’Alassane Ouattara n’a été inquiété par la justice ivoirienne, en dépit des accusations de crimes portées contre son camp durant la crise. Pascal Affi N’Guessan, le président du Front populaire ivoirien (FPI), créé par Laurent Gbagbo, a dénoncé, lundi, un « procès politique visant à museler l’opposition avant la Présidentielle de 2015 ».
Depuis la fin de la crise ivoirienne, les pro-Gbagbo n’ont cessé de dénoncer des injustices à leur encontre, déplorant le fait d’être les seuls à être sur le banc des accusés, alors que les partisans du Président ivoirien n’ont jamais rendu de compte à la justice. De son coté, Alassanae Ouattara va se représenter pour l’élection présidentielle de 2015. Beaucoup craignent de nouvelles violences, qui montreraient que la Côte d’Ivoire n’a pas fini de panser ses blessures de la crise post-électorale de 2010, qui a fait plus de 3 000 morts et plusieurs milliers de déplacés.