Le report des élections locales en Centrafrique à avril 2025 suscite des interrogations sur les véritables motivations, au-delà des contraintes financières évoquées.
Le 22 août 2024, les autorités centrafricaines ont pris la décision de reporter les élections locales et municipales initialement prévues en octobre 2024. Cette annonce a créé la surprise au sein de la population, mais également dans les rangs des opposants politiques. Les raisons évoquées par le gouvernement et l’Autorité nationale des élections (ANE) sont principalement d’ordre financier.
Un budget insuffisant pour organiser le scrutin
À la base de ce report, on trouve un problème financier majeur. Le budget nécessaire à l’organisation de ces élections était estimé à 9 milliards de francs CFA, soit environ 13,7 millions d’euros. Or, à ce jour, seulement 5 milliards de francs CFA (7,6 millions d’euros) ont été mobilisés. Ce manque de fonds a contraint les autorités à décaler la date du scrutin, offrant ainsi à l’ANE et aux partenaires financiers un délai supplémentaire pour réunir les sommes manquantes.
Outre la question des finances, ce report permet également d’alléger le calendrier électoral. Cette décision offre ainsi plus de temps à l’ANE pour réviser la liste électorale, donner la possibilité aux candidats de se préparer correctement, et permettre aux électeurs d’être convoqués en temps voulu. Pour certains, ce délai est une chance pour mieux organiser les élections et garantir une participation plus large et plus représentative.
Entre satisfaction et méfiance
Les réactions à cette annonce sont contrastées. Joseph Bendounga, leader du Mouvement démocratique pour la renaissance et l’évolution de Centrafrique, a salué ce report, affirmant que les conditions n’étaient pas réunies pour la tenue des élections en octobre. Pour lui, ce délai est nécessaire pour organiser un scrutin dans des conditions financières, sécuritaires, et organisationnelles acceptables.
À l’opposé, le Bloc républicain pour la défense de la Constitution du 30 mars 2016, une plateforme composée de leaders d’opposition, a réaffirmé son intention de boycotter les élections. Ce groupe exige, avant toute participation, la réforme du bureau de l’ANE et l’annulation de la nouvelle Constitution du 30 août 2023.
40 ans d’attente pour des élections locales
Enfin, il est important de rappeler que la République centrafricaine n’a pas organisé d’élections locales depuis 40 ans. Ce report est donc non seulement un enjeu financier et organisationnel, mais aussi un événement historique pour le pays. Les mois à venir seront décisifs pour savoir si ce nouveau calendrier sera respecté et si les conditions seront enfin réunies pour que les Centrafricains puissent choisir leurs représentants locaux dans des conditions démocratiques.