Repenser la coopération culturelle africaine


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Quelle coopération culturelle en Afrique ? Africalia a donné rendez-vous à de grands acteurs culturels du continent à Bruxelles, dont le ministre malien de la culture et le cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako, pour réfléchir sur les besoins nécessaires à l’épanouissement du secteur en Afrique. Au centre des débats : la formation des artistes et les sources de financement de leur travail.

Formuler de nouveaux types de partenariats: c’est le thème autour duquel l’organisme belge Africalia a rassemblé acteurs et décideurs culturels africains les 18, 19 et 20 septembre à Bruxelles. Il y avait là des personnalités aussi connues que le cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako, son collègue Cheik Oumar Sissoko, devenu ministre de la Culture du Mali, Eddy Boutmans, ancien secrétaire d’Etat belge à la Coopération au développement qui a fondé Africalia du temps où il était aux affaires, ainsi que des musicologues, des metteurs en scène et hommes de théâtre, moins bien connus du grand public.

Africalia, mis sur pied à la fin de l’année 2000, s’est donné pour objectif de faire de la culture un vecteur privilégié de sa politique de coopération. Depuis sa création, cette structure a soutenu plus de 85 projets dans près vingt-six pays d’Afrique.

Une coopération pensée par les experts africains

Le principe de cette rencontre – la quatrième après celle organisée au Mali en novembre 2002, puis en Belgique dans les villes d’Ostende et de Liège en mai et juin 2003 – est simple : faire de telle sorte que les experts africains travaillant dans le domaine des arts définissent eux-mêmes le mode de coopération culturelle qui leur convient le mieux et les priorités de celle-ci. A l’issue des assises de Bruxelles, plusieurs pistes de réflexion ont ainsi été dégagées.

L’urgence, selon ces acteurs africains, consiste d’abord à protéger et optimiser les compétences artistiques africaines en donnant une plus grande visibilité à leurs activités à travers les moyens de communication tels que Internet, les revues et magazines, la radio et la télévision. Le cinéaste Cissako a lancé un cri d’alarme pour que les productions cinématographiques africaines soient diffusées dans les télévisions africaines. Encore faudrait-il qu’elles soient de qualité. D’où la question de la formation des artistes.

Formation des artistes

Il en a beaucoup été question. Les universités doivent dispenser des cours portant sur le domaine de la culture, d’autant plus qu’il existe très peu d’écoles des arts dans la plupart des pays du continent. Les artistes africains ont-ils d’ailleurs vraiment besoin d’une formation spécifique ? Oui, ont répondu certains participants. A condition que ces écoles d’art servent non pas à « inventer » un nouvel artiste africain mais à offrir à celui-ci un cadre dans lequel il pourra transmettre son savoir-faire.

Non, ont répondu d’autres, qui ont estimé que les écoles des arts « conventionnelles » n’étaient pas adaptées au parcours de l’artiste africain contemporain. Les tenants de cette thèse affirment que créer des écoles d’art pourrait inhiber l’artiste. Selon eux, ce type de cursus ne correspond pas à la perception que l’on se fait de l’art sur le continent.

Le partenariat plutôt que le sponsoring

Pour la plupart des participants, il faut aujourd’hui, trouver d’autres sources de financement en dehors de ceux octroyés par l’Etat – qui représentent qu’une infime partie et sont très mal utilisés – et de ceux provenant de la coopération bilatérale et multilatérale. Comment ? En explorant d’autres sources d’investissement provenant des organismes régionaux africains comme la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest), mais aussi des fonds de garantie aux mutualisations diverses, en passant par la recherche de lignes de crédit non spécifiques comme les financements des entreprises, du monde éducatif, de la santé publique, du tourisme … Il faut sensibiliser le secteur bancaire sur les problèmes d’accès aux crédits, inciter les multinationales installées en Afrique à investir dans le domaine culturel.

A la question « les artistes africains préfèrent-ils le partenariat ou le sponsoring ?» ceux-ci ont majoritairement opté pour la première solution. Preuve qu’une petite révolution est en passe de s’opérer en ce domaine et que la mentalité d’assisté disparaît petit à petit. Les responsables d’Africalia ont pris bonne note de toutes ces suggestions et promis d’en tenir compte.

Tidiane DIOH

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