Après une année universitaire élastique, qui s’est terminée en mai 2002 au lieu de septembre 2001, l’Université de N’Djaména a rouvert ses portes aux étudiants cette semaine. Le nouveau recteur se montre confiant.
L’Université de N’Djaména a rouvert ses portes lundi dernier après quasiment un an de fermeture. Le nouveau recteur, Mbailao Abdallah, en poste depuis 20 jours, espère mener l’année académique 2002/2003 à son terme et sans retard. Un challenge car depuis presque dix ans, l’Université de la capitale connaît de graves problèmes structurels et matériels. Pour l’ancien enseignant de biologie, la rentrée sonne comme un défi mais aussi comme un espoir.
Afrik : L’Université de N’Djaména a été fermée pendant un an ?
Mbailao Abdallah : Pas vraiment. Disons que nous avons eu une année élastique. Le problème c’est que nous avons terminé l’année académique 2001 en mai 2002 au lieu de septembre 2001. Nous n’avons donc pas pu faire démarrer une autre année académique en mai ! Depuis 1993, nous prenons chaque année de plus en plus de retard.
Afrik : Vous n’avez donc pas pu accueillir les bacheliers de la promotion 2001 ?
Mbailao Abdallah : Non. Mais de toute façon, même en temps normal, l’Université ne peut pas absorber tous les bacheliers. Les demandes sont étudiées au cas par cas et la sélection est très rude. L’Université a été construite pour accueillir 1 000 étudiants et nous en avons 5 500. En 2001, il y avait 8 000 bacheliers, cette année, il y en a environ 6 000 de plus, nous ne pouvons pas faire face à toute cette demande. Les inscriptions se font au mérite. Nous prenons les meilleurs.
Afrik : Comment s’annonce cette rentrée ?
Mbailao Abdallah : J’ai effectué une tournée mardi et constaté que les cours ont bien repris. La rentrée est effective : les salles de classe sont pleines et les étudiants au rendez-vous. J’ai rencontré le syndicat des enseignants qui espère que cette année ne sera pas perturbée, et l’Union des étudiants tchadiens qui souhaite que des efforts soient menés pour que l’Université retrouve son élan. Les perturbations sont souvent dues au non-paiement des bourses des étudiants. Heureusement, depuis quatre ans, les salaires des professeurs sont assurés sans problèmes. Je pense qu’avec la bonne volonté et le dynamisme de tous, nous pourrons relever le défi de cette année.
Afrik : Les étudiants sortis de l’Université trouvent-ils du travail ?
Mbailao Abdallah : Ceux qui passent par nos filières de formation classique, non. Même ceux qui ont des doctorats. En revanche, ceux qui choisissent les filières professionnelles sont absorbés par le marché du travail. La fonction publique, traditionnelle consommatrice de diplômés, a plus ou moins fermé ses portes depuis le début des années 90.
Afrik : Que demandez-vous à l’Etat ?
Mbailao Abdallah : Qu’il nous donne les moyens adéquats et suffisants pour faire tourner l’Université comme il se doit. Nous sommes confrontés à d’énormes problèmes matériels et d’infrastructures. En 1990, une Université des sciences et de la santé a été créée mais les élèves et les professeurs sont encore à l’étroit dans un bâtiment de l’hôpital central de la ville…
Afrik : Combien d’enseignants compte l’Université ?
Mbailao Abdallah : Nous en avons 200 à peu près, toutes disciplines confondues. Leur niveau d’enseignement a beaucoup évolué depuis quelques années. Grâce à une aide de la coopération française, nous pouvons les envoyer en France ou dans d’autres pays d’Afrique comme l’Algérie ou le Soudan pour les filières arabophones, lorsque nous considérons qu’ils ne sont pas au niveau. Grâce à cela, nos enseignants ont tous le niveau du doctorat.