Le 12 août dernier, au siège des Nations-Unies à New-York, s’est tenue une séance de travail sur la représentation de l’Afrique au sein du Conseil de Sécurité afin de « remédier à l’injustice historique » et à « une omission flagrante ». Dès l’entame de cette réunion de haut niveau, le secrétaire général de l’ONU, M. Antonio Guterres a en effet exhorté à ce que « la voix de l’Afrique et la participation de l’Afrique soient pleinement prises en compte dans les délibérations et les travaux du conseil, déplorant une « omission flagrante ».
Conduit par le Président de la Sierra Leone, le débat sur les moyens de « remédier à l’injustice historique et renforcer la représentation effective de l’Afrique » au sein du Conseil de Sécurité de l’ONU a été largement consensuel.
Un stigmate hérité de l’époque coloniale
S’il est vrai qu’en 1945, la plupart des pays d’Afrique actuels étaient encore sous domination coloniale et n’avaient pas voix au chapitre des affaires internationales, il est important de noter qu’à ce jour, le Conseil de Sécurité ne compte aucun membre permanent africain. Par ailleurs, le nombre de membres élus issus du continent n’est pas proportionnel à l’importance de ce dernier, qui compte 54 des 193 Etats membres de l’organisation, accueille la majorité des opérations de maintien de la paix et compte 4 des 10 premiers pays fournisseurs de contingents aux opérations de maintien de la paix des Nations-Unies.
Il est donc tout simplement « inacceptable » que l’Afrique soit aussi nettement sous-représentée au Conseil de Sécurité, parce que « cela porte atteinte aux principes d’équité, d’inclusion et d’égalité souveraine des Etats » a déclaré le président de la Sierra Leone Julius Maada Bio, dont le pays coordonne le comité des 10 Chefs d’État et de gouvernement de l’Union Africaine sur la réforme du Conseil de Sécurité de l’ONU.
Les exigences de l’Afrique au Conseil de Sécurité
L’Afrique exige deux sièges permanents au Conseil de Sécurité de l’ONU et deux sièges non permanents supplémentaires, ce qui porterait à cinq le nombre total de sièges non permanents réservés au continent. Il est aussi demandé que ce soit à l’Union Africaine de choisir les membres permanents africains. L’Afrique souhaite aussi que le véto soit aboli, mais que si les Etats membres souhaitent le conserver, il soit étendu à tous les nouveaux membres permanents par souci d’équité, car il serait absurde que l’ONU entame sa huitième décennie d’existence avec cette cicatrice injuste contre l’Afrique.
L’approbation des délégations
La plupart des délégations ont dit partager cette exigence de réparer l’injustice historique faite à l’Afrique, dont le Japon, qui soutient que l’Afrique a le droit a une participation plus large à l’organe architecte de la gouvernance mondiale. Pour l’Equateur, réformer le Conseil de Sécurité serait aussi un moyen de réformer les institutions de l’architecture financière internationale, issues de Betton Woods. La même idée a été soutenue par la Fédération de Russie qui a appelé à juguler les conséquences de colonialisme qui s’étendent a tous les domaines de la vie de la société africaine, comme la question de la dette ou encore l’absence de représentants du sud dans les structures de gestion de Breton Woods et les institutions de développement de l’ONU.
La Chine a également soutenu la demande de l’Afrique d’être considérée comme une priorité et un cas particulier, en saluant la prise en compte de cette position dans le libellé du Pacte pour l’Avenir. Si la France et les États-Unis ont dit attendre des précisions dans le Pacte, les États-Unis ont rappelé leur soutien à une représentation permanente au sein du Conseil de Sécurité non seulement pour l’Afrique mais aussi pour l’Amérique latine et les Caraïbes.
En conclusion il apparaît indubitable que l’Afrique doit être mieux représentée au sein du Conseil de Sécurité compte tenu du fait que le continent accueille 1,2 milliards de personnes et qu’il a la plus forte croissance démographique du monde, mais aussi parce que les pays d’Afrique continuent de jouer un rôle incontournable dans le maintien de la paix et de la sécurité en Afrique et dans le Monde. Il serait donc temps que l’ONU marque une évolution à la fois juste et attendue au sein de l’Institution qui représente le coeur de sa gouvernance.