Renault ouvrira en 2012 une usine de construction automobile à Tanger-Med au nord du Maroc. Le groupe français souhaite y fabriquer jusqu’à 400 000 véhicules bon marché par an. Il négocie également avec le pouvoir algérien depuis février, pour s’établir sur son territoire. Cette stratégie de délocalisation lui permettra d’accroître sa compétitivité. Les pays hôtes de ses usines bénéficieront de la création d’emplois.
Renault met le cap sur l’Afrique du Nord. Pour faire face à la concurrence internationale en produisant des véhicules aux prix compétitifs surtout destinés aux marchés locaux ou régionaux, le constructeur automobile français va ouvrir dans moins de deux ans, une usine de production au Maroc, et négocie avec les autorités algériennes, pour une implantation similaire dans leur pays.
Actuellement en cours de construction, l’usine de Tanger-Med, ville portuaire de l’Oued Rmel dans le nord du Royaume chérifien à quelques encablures de l’enclave de Ceuta, ouvrira ainsi ses portes début 2012, selon une information révélée ce mardi par le quotidien économique français Les Echos. Coût de l’investissement : entre 800 millions et 1 milliard d’euros. Cette usine d’une superficie de 300 hectares, qui à terme deviendra le principal site de production des voitures Dacia, lancera ses activités avec ce véhicule économique, et une version low cost de l’utilitaire Kangoo. Cependant, elle pourrait aussi se lancer dans la construction d’une Logan haut de gamme. Elle démarrera avec une production initiale de 170 000 véhicules par an. Une capacité annuelle qui pourrait monter jusqu’à 400 000 voiture. La grande majorité des véhicules sera vendue sur le marché local et le reste exporté.
L’Algérie en ligne de mire
Cependant, Renault n’entend pas limiter au Maroc, son déploiement en Afrique du Nord. Depuis février, le groupe est en effet en pourparlers avec les autorités algériennes, pour construire une usine, qui pourrait s’établir à Rouïba, dans la banlieue d’Alger, la capitale. Celle-ci nécessiterait des investissements de l’ordre de plusieurs dizaines de millions d’euros. Renault y produirait jusqu’à 50 000 véhicules par an, et compte les vendre comme dans le cas marocain, de préférence au marché local. Seront fabriqués ici des Logan, des Sanderos et des berlines Symbol, des véhicules à bas prix.
Reste le feu vert d’Alger, qui pourrait toutefois être facilité par le dégel en cours, des relations entre Alger et Paris. Pour lancer son activité, Renault doit obtenir l’accord du Comité national algérien de l’investissement, qui est une structure interministérielle. Conformément à la loi du pays hôte, le groupe français doit se lier avec un partenaire local, en l’occurrence la Société nationale des véhicules industriels (la SNVI), qui sera majoritaire dans le capital de la société créée. En retour, la SNVI mettra le site à la disposition du groupe français, qui en assurera la gestion.
Cette délocalisation en Afrique du Nord profitera mutuellement aux deux partenaires. Fortement concurrencé sur le marché international, Renault qui a dû céder, l’année dernière, une partie de son patrimoine immobilier pour faire face à ses difficultés financières, trouvera en Afrique du Nord un marché très sensible aux véhicules peu chers, une main d’œuvre bon marché qui lui coûtera à peine 20% des salaires pratiqués en France, et une fiscalité avantageuse. Le Maroc offre ainsi des exonérations de TVA, eu égard au statut de zone franche de Tanger-Med. De leur côté, les pays d’Afrique du Nord misent sur la création d’emplois. L’usine de Tanger-Med rapportera ainsi au bas mot, six mille emplois aux Maroc.