Remaniement ministériel au Rwanda : Un coup de maître de Kagame à l’aube des élections ?


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Le Président rwandais, Paul Kagame
Le Président rwandais, Paul Kagame

À seulement un mois de l’élection présidentielle prévue pour le 15 juillet 2024, le président rwandais Paul Kagame a orchestré un remaniement ministériel majeur.

Cette réforme touche des postes clés au sein du gouvernement ; des changements significatifs aux ministères des Affaires étrangères, des Finances et de l’Intérieur. Il nomme par la même occasion un nouveau chef du renseignement militaire, selon un communiqué publié le 12 juin 2024. Vincent Biruta, ancien ministre des Affaires étrangères, est nommé au ministère de l’Intérieur, tandis qu’Olivier Nduhungirehe, ancien ambassadeur aux Pays-Bas, le remplace à la tête de la diplomatie rwandaise​​.

En l’espace d’un an, le gouvernement rwandais a connu son quatrième remaniement majeur. Ce remaniement inclut huit changements au sein du cabinet, parmi lesquels figurent les ministres des Finances, du Service public, du Travail, et de l’Environnement. 

Un civil à la tête du renseignement militaire

Un changement notable dans cette réorganisation est la nomination d’un civil. Aimable Havugiyaremye, anciennement procureur général, est désormais à la tête des National Intelligence and Security Services (NISS). C’est la première fois qu’un non-militaire occupe ce poste historiquement réservé aux militaires. 

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Un timing calculé

Le timing de ce remaniement n’est pas anodin. Intervenant à dix jours du lancement officiel de la campagne électorale. Les observateurs politiques s’interrogent sur les motivations derrière ces changements. Est-ce une stratégie pour renforcer l’efficacité du gouvernement ou une tentative pour neutraliser toute opposition potentielle en s’assurant de la loyauté des ministres clés ?

De nombreuses raisons peuvent expliquer ce remaniement de dernière minute. D’une part, il peut s’agir de répondre aux défis immédiats et pressants, tels que les critiques croissantes de l’opposition et les tensions internationales. D’autre part, Kagame pourrait chercher à projeter une image de dynamisme et de réforme continue, et à ainsi rassurer les électeurs sur sa capacité à conduire le pays vers un avenir prospère et stable.

Des candidats autorisés, mais un seul en tête

D’après une liste provisoire rendue publique le 6 juin par la Commission nationale électorale, deux candidats ont été approuvés pour défier le président en exercice. Parmi eux se trouve Frank Habineza, président du Green Party. Toutefois, Kagame semble être le favori. Réélu en 2003, 2010 et 2017 avec plus de 90 % des suffrages à chaque fois, son score avait atteint 98,63 % en 2017. Le scrutin  était marqué par des irrégularités selon les organisations de défense des droits humains.

Les réformes récentes pourraient être vues comme une façon de renforcer davantage son administration avant un scrutin qui s’annonce disputé​.

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