Relations diplomatiques en berne entre le Tchad et le Soudan


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La tension entre le Tchad et le Soudan est au plus haut depuis quelques jours. Le Tchad a décidé lundi de fermer ses frontières avec son voisin en réaction à la rupture diplomatique annoncée par ce dernier. Le président soudanais Omar El-Béchir accuse son homologue tchadien d’avoir soutenu l’attaque qui a visé la capitale soudanaise ce weekend, ce que dément formellement le Tchad.

Le Tchad a annoncé lundi la fermeture de ses frontières avec le Soudan. Dans un communiqué officiel, cette décision a été prise « pour assurer la sécurité de son territoire et de ses citoyens, protéger des intérêts économiques et culturels et aussi se mettre à l’abri de toute surprise ». Le gel des relations diplomatiques entre les deux pays fait suite à l’attaque ce weekend de la ville d’Omdurman, ville qui jouxte la capitale soudanaise et tout juste séparées par le Nil.

Une attaque rebelle sans précédent

Le Mouvement pour la Justice et l’Egalité (JME), considéré comme le groupe rebelle du Darfour le plus puissant du Soudan, a lancé un assaut sans précédent contre la ville jumelle de Khartoum. Partis en camion de leurs bases du Darfour, province occidentale du Soudan en proie à une guerre civile, les rebelles sont arrivés samedi à Omdurman après une traversée du désert « sans qu’ils aient été vus ». Jusqu’à présent, les combats ne se sont jamais déroulés si près de Khartoum. Malgré l’échec de l’opération qui a fait 65 morts dont 40 rebelles, Khalil Ibrahim, leader du JEM, a d’ores et déjà annoncé de nouvelles attaques.

Le ministre soudanais des Affaires étrangères Ali Kerti a déclaré que son pays était « prêt à faire face à n’importe quelle menace de la part des rebelles ». L’armée soudanaise a réagi en traquant depuis dimanche les présumés rebelles sur tout son territoire. Le gouvernement s’est aussi dit prêt à les poursuivre sur le plan international. M. Ibrahim, serait, selon le ministre soudanais de la Défense, au Darfour-nord. Sa tête est aujourd’hui mise à prix pour 123 millions de dollars.

Selon l’agence officielle Suna, près de 300 combattants auraient été arrêtés. Parmi les individus incarcérés figure Hassan al-Tourabi, dirigeant du Parti du Congrès Populaire (PCP) et grand opposant au régime d’Omar El-Bechir. Lié par le passé au JEM, il a été interpellé lundi avec quatre autres responsables du parti. Mais selon Souleimane Sandal, chef d’état-major du JEM, M. al-Tourabi n’a plus « aucun lien avec le mouvement ». L’ancien bras-droit de M. El-Béchir a finalement été relâché le soir même sans qu’aucune explication de son arrestation ne lui soit fournie.

Le Soudan et le Tchad s’accusent mutuellement

En réaction à cette attaque, le Soudan a rompu dimanche ses relations diplomatiques avec le Tchad, qui l’accuse de soutenir les rebelles du JME. « Nous attribuons toute la responsabilité de l’attaque au Tchad », a déclaré M. El-Béchir. Même si M. Ibrahim appartient en effet au même groupe ethnique qu’Idriss Déby et qu’il a pu trouver refuge au Tchad par le passé, l’implication de celui-ci demeure incertaine. Néanmoins, les officiels soudanais ont affirmé détenir les preuves de communications entre les rebelles, le gouvernement tchadien et l’ambassade du Tchad à Khartoum. En février dernier, c’était le Tchad qui accusait le Soudan d’avoir soutenu l’attaque des rebelles tchadiens qui ont failli renverser le régime de M. Déby.

Depuis le déclenchement du conflit au Darfour en 2003, les relations sont très tendues entre les deux pays qui se livrent, selon plusieurs observateurs internationaux, une guerre par rébellion interposée. C’est pour mettre fin à ces bras de fer qu’un accord « historique », dit pacte de non-agression, avait été signé à Dakar en mars dernier. Le Tchad et le Soudan s’engageait « à interdire toutes activités de groupes armés et à empêcher l’utilisation des territoires respectifs pour la déstabilisation de l’un et l’autre des Etats ». Aujourd’hui, l’accord est définitivement passé à la trappe.

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Photo : Khalil Ibrahim, leader du JEM

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