Réhabilitation du Stade du 4-Août : un ancien ministre et trois autres figures devant la justice


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Justice, Tribunal
Tribunal (illustration)

Le scandale de la réhabilitation du Stade du 4-Août, infrastructure emblématique du Burkina Faso, prend une nouvelle tournure.

Quatre individus, dont Dominique Nana, ancien ministre des Sports, ainsi que deux entreprises, sont désormais formellement mis en examen. Retour sur une affaire qui mêle fraudes, surfacturations et dysfonctionnements dans la gestion des marchés publics.

Une affaire complexe aux multiples ramifications

En mars 2021, la Confédération africaine de football (CAF) a suspendu le Stade du 4-Août pour non-conformité aux normes internationales. Cette décision marquait le début d’un processus de rénovation chaotique. Un marché, évalué à plus de 15 milliards de francs CFA, avait été attribué à un consortium d’entreprises sans véritable transparence. Les travaux, qui devaient s’achever en août 2022, accusent aujourd’hui un retard considérable, laissant l’équipe nationale sans terrain d’accueil depuis plus de deux ans.

Les enquêtes menées par le groupement de gendarmerie départementale de Ouagadougou, avec le concours de l’Autorité supérieure de contrôle d’État et de lutte contre la corruption (ASCE-LC), ont mis en lumière des irrégularités flagrantes. Ces irrégularités comprennent des fraudes dans les modalités d’attribution des marchés publics, des surfacturations massives avec des montants bien au-delà des standards habituels, et des faux en écriture utilisés pour faciliter l’exécution des projets. Ces investigations ont permis d’identifier les principaux acteurs de ces malversations.

Les personnes mises en cause

Parmi les individus épinglés figurent Dominique Nana, ancien ministre des Sports, qui est soupçonné d’avoir facilité les irrégularités, et Abdoul Ajusso Ouédraogo, ancien directeur des marchés publics du ministère des Sports. Traoré Gni Maïmouna, gérante de la société Al Mounia SARL, et Éric Kagambega, entrepreneur impliqué dans l’exécution des travaux, sont également impliqués. Deux entreprises, SIFA SA et Truva Insaat, sont poursuivies pour leur rôle dans cette affaire.

Le procureur du Faso, Blaise Bazié, a annoncé l’ouverture d’une information judiciaire au pôle économique et financier du Tribunal de grande instance de Ouagadougou I. Il a précisé que des poursuites supplémentaires pourraient viser d’autres individus, selon les nouveaux éléments qui pourraient émerger de l’enquête.

En août 2023, une inspection de la CAF a révélé que les travaux réalisés étaient largement insuffisants, nécessitant une reprise quasi totale. Face à ces constats, le président Ibrahim Traoré a ordonné, en décembre 2024, une enquête approfondie pour situer les responsabilités.

Corruption et gouvernance en question

Ce scandale relance le débat sur la gestion des grands projets publics au Burkina Faso. La lenteur des travaux, combinée aux malversations révélées, met en lumière des failles critiques dans la gouvernance et la lutte contre la corruption.

Alors que le Stade du 4-Août reste inutilisable, les Burkinabè s’interrogent sur le moment où la lumière sera faite sur cette affaire et les responsables pleinement sanctionnés.

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