Le reggae, roi du continent africain


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Tiken Jah Fakoly
Tiken Jah Fakoly

Vingt ans après la mort de Bob Marley, sa prophétie s’est accomplie. Le reggae, né en Jamaïque, est retourné sur le continent de ses racines : l’Afrique.

« Le reggae, c’est comme le battement du coeur. On le sent avant de l’entendre », résume joliment Tiken Jah Fakoly, la star montante du reggae ivoirien. A l’occasion des vingt ans de la mort de Bob Marley, star absolue et icône du Continent noir, le rythme jamaïcain est sur toutes les ondes. Bob chantait « Go back to Africa », le retour en Afrique. C’est chose faite. Car si le reggae est né en Jamaïque, il est aujourd’hui africain. Etendant son aura sur l’ensemble du continent dans les années 90, il s’est transformé en véritable phénomène de société.

Bob Marley devient une référence en Afrique après sa mort. De son vivant, il se produit peu en Afrique et chante en anglais, ce qui laisse les Africains francophones imperméables à son discours. Il faudra attendre l’impulsion d’Alpha Blondy pour que le reggae devienne la musique des quartiers populaires d’Abidjan et pour que l’Afrique de l’Ouest accepte de lui faire une place au milieu de la musique mandingue, mbalax et autres rythmes halpulaar.

Une fois le message de Marley compris, c’est une révélation pour des milliers de jeunes Africains. « Ses chansons m’ont appris à aimer mon prochain quelque soit sa race. Bob Marley prêchait l’unité entre les peuples et défendait les victimes d’injustices », explique Tiken Jah Fakoly.

Caisse de résonance

Célébrant l’unification du continent africain ainsi que l’égalité et la fraternité mondiales, les chansons de Bob Marley ont trouvé en Afrique une caisse de résonance. Le reggae est devenu cet outil de prise de conscience et de libération dont il rêvait. Alpha Blondy et Tiken Jah Fakoly, les plus populaires en Côte d’Ivoire sont aussi les plus politiques.

Alors qu’il trouve un écho favorable dans le Maghreb dès les années 70 et que Khaled lui doit un de ses plus gros tubes (« Ne m’en voulez pas » en 1993), le reggae écume l’Océan Indien. A la fin des années 80, le groupe mauricien Racine Tatane transforme le sega en seggae, fusion des deux styles que l’on retrouve de Madagascar à la Réunion.

Le reggae a donc enfin regagné l’Afrique, terre mythique rêvée par Marcus Garvey – fondateur du rastafarisme* vers 1927 – mais n’a pas encore conquis son lieu de retour prophétique : l’Ethiopie. Le reggae y est encore totalement inconnu.

* Rastafarisme : religion initiée par le politicien Marcus Garvey. Ses principes mélangent le protestantisme anglican, le judaïsme, l’animisme africain, l’hindouisme et la magie. Selon les rastas, Dieu (Jah) s’est réincarné en la personne d’Hailé Sélassié, couronné empereur d’Ethiopie en 1930.

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Les concerts prévus :

Les Wailers sont en tournée en Europe du 1er mai au 13 juin. Une quinzaine de concerts sont programmés en France (9 mai à Lyon, 11 à Annecy, 12 à Carmaux, 13 à Poitiers, 15 à Tours, 16 au Mans…). Etapes prévues aussi en Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Grande-Bretagne et Suisse.

Au Zénith à Paris, le 11 mai à 20h30: Hommage à Bob Marley avec Apple Gabriel, Kymani Marley et The Mighty Diamonds. Prix des places: 165 F.

A la Locomotive à Paris, le 16 mai : Hommage à Marley avec Pierpoljak, Princess Erika, Saï-Saï, Supa John…

Au Palais Omnisports de Paris-Bercy, le 23 juin : 10e Garance Reggae Festival avec Steelpulse, les Gladiators, Luciano…

A la Rochelle, le 16 juillet : 17e Francofolies avec les Gladiators, Morgan Heritage, Anthony B., Tiken Jah Fakoly…

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