Le bras de fer continue entre les touaregs et le gouvernement nigérien de Mamadou Tandja. Chez « les hommes bleus », les avis divergent quant aux moyens à adopter pour faire reconnaître leurs droits. Afrik.com a recueilli l’opinion de deux d’entre eux sur la problématique touarègue.
Les touaregs nigériens du MNJ (Mouvement des Nigériens pour la justice) font baucoup parler d’eux. Depuis la semaine dernière, ils sont soupçonnés d’être de mèche avec l’alliance rebelle du Nord-Mali qui a enlevé 33 militaires les 20 et 21 mars. Le MNJ dirigé par Agaly Alambo reproche au chef de l’Etat nigérien Mamadou Tandja de ne pas avoir respecté les promesses de décentralisation affichées lors de la signature des accords de paix en 1995. « Les communes n’ont aucun appui, pas d’aides, pas d’argent de la part du gouvernement », explique un élu touareg à Afrik.com. Ce manque d’implication du gouvernement nigérien a amené les hommes en bleu à s’organiser et à se rallier au dernier né des mouvements nigériens: le MNJ qui s’inscrit dans la continuité du FLAA (Front de libération de l’Aïr et de l’Azonak), actif lors de la première rebellion de 1990.
Outre les revendications concernant la décentralisation et le renforcement du pouvoir des communes sous-jacent, les touaregs entendent tenir un rôle économique au Niger. Ces dernières années, l’arrivée de grandes multinationales comme AREVA (un groupe industriel français spécialisé dans les métiers de l’énergie) dans la zone uranifère du nord du Niger occupée par les Touaregs n’ont fait qu’accroître les problèmes environnementaux et les expropriations des terres liées à l’exploitation de l’uranium. Les Touaregs en se proclamant propriétaires de ce territoire et de ses richesses espèrent à l’instar de Mamadou Tandja, qui multiplie les accords avec les firmes internationales, avoir eux-aussi leur part du gâteau.
Les touaregs sur le qui vive
Mais la mauvaise image véhiculée par le gouvernement nigérien ne favorise pas la lutte touarègue. Perçus comme des bandits proches du chef de l’Etat lybien Mouammar Kadhafi qui leur aurait fourni des armes, les hommes en bleu n’arrivent pas à faire entendre leurs revendications devant la scène internationale. « On nous traite toujours comme des brigands, des trafiquants. Ces propos ne font que nous déscriditer », affirme Rhissa Ag Boula, ancien ministre nigérien du tourisme et de l’artisanat de 1996 à 2004, ex-figure de proue du FLAA et président du parti politique UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social), interrogé par Afrik.com.
Pourtant, selon l’ancien membre du gouvernement, la lutte n’est pas prête de s’arrêter. « Mamadou Tandja (le président nigérien) n’a pas respecté ses engagements. S’il ne fait rien, le conflit risque de s’aggraver et d’aller très loin ». « L’arrestation et la condamnation des deux journalistes français en janvier dernier pour avoir pénétré en zone touarègue interdite est un exemple type de la dérive autoritaire du président nigérien. Il concourre à la montée du mécontentement des Touaregs et menace l’unité nationale », poursuit-il. Un discours qui préfigure de nouveaux affrontements entre le gouvernement et les rebelles.
« Il faut que les autorités nigériennes apprennent à gérer le conflit de manière démocratique »
Si certains sont pour la lutte armée, d’autres sont plus réservés et souhaitent la négociation par un biais démocratique. »Le gouvernement a l’habitude de négocier avec les combattants, ce qui est un tort. Il faut que les autorités nigériennes apprennent à gérer le problème de manière démocratique avec le pouvoir local qui a plus de poids que les rebelles qui sont perçus comme des bandits », nous a déclaré un élu touareg. Je souhaite que les maires et les députés se regroupent pour discuter avec Tandja », conclut-il. Une solution qui, de son point de vue, pourrait mettre fin aux conflits qui semblent pour l’heure inévitables.
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