Le gouvernement tchadien a procédé, samedi dernier, à l’évacuation d’une centaine de réfugiés qui occupaient depuis 40 jours la cathédrale de N’Djamena. Congolais de RDC, Centrafricains et Soudanais, ils demandent un autre pays d’asile. Le Tchad appelle le HCR à la rescousse.
Des policiers ont été déployés samedi en milieu d’après-midi autour de la cathédrale de N’Djamena. Les issues ont été fermées, les forces de police n’ayant ménagé qu’une seule porte de sortie. Leur mission en cette veille de Pentecôte : déloger la centaine de réfugiés, en majorité des Congolais de République Démocratique du Congo mais aussi des Centrafricains et des Soudanais, qui occupent les lieux depuis 40 jours. Après plusieurs médiations et le refus catégorique des réfugiés de quitter l’église, la police lance finalement deux jets de grenades lacrymogènes à l’intérieur de l’édifice. Vociférants, les réfugiés sont alors emmenés sous escorte, à bord de trois camions vers l’enceinte de l’école de police de N’Djamena. Il est 17h30 au Tchad.
Un journaliste ayant assisté à la scène note qu’il n’y a pas eu de brutalité policière et que les réfugiés sont sortis de la cathédrale sans opposer de résistance. Un autre, travaillant à N’Djamena Hebdo, se souvient que beaucoup hurlaient : » Vous nous emmenez en prison ! » sur le chemin qui les menait à leur nouveau lieu d’asile. Provisoire. Car l’école de police, située en plein coeur de la capitale n’a pas, hormis l’eau et l’électricité, beaucoup de place à offrir aux réfugiés.
Téléphones portables
Le ministre de l’Intérieur, Abderramane Moussa, explique à Afrik que » le gouvernement a voulu les mettre dans un endroit sûr. Ils ne pouvaient pas rester dans l’Eglise. L’archevêque de N’Djamena, Mgr Charles Vandame, avait décidé jeudi d’interrompre les activités religieuses, perturbées par leur présence. » Depuis le 7 avril dernier, ces réfugiés, qui compteraient environ 300 femmes et enfants, avaient installé matelas et affaires dans la cathédrale. » Beaucoup travaillaient, quittant l’église pendant la journée, certains étaient même en possession de téléphones portables « , rapporte le journaliste de N’Djamena Hebdo.
Une situation qui irrite l’église. Cette dernière tente une médiation. Sans succès. L’archevêque fait alors pression sur le gouvernement pour que celui-ci déloge, même de force, les squatters. Jusqu’à l’année dernière, les réfugiés étaient gérés par le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) mais celui-ci a fermé son antenne tchadienne en 2001, faute de moyens.
Libres de leurs mouvements
Parmi les réfugiés, un certain nombre souhaite gagner l’Europe, d’autres retourner dans leur pays. » Mais cela ne dépend pas de nous « , se défend le ministre de l’Intérieur. » Nous ne pouvons que les accueillir et garantir leur sécurité. Le HCR à Bangui, qui s’occupe du Tchad, doit envoyer une délégation pour trouver une solution. » Pour l’instant, les réfugiés ne sont pas gardés contre leur gré. » Ils sont libres de leurs mouvements et de quitter le Tchad « , note le ministère de l’Intérieur.
Ils sont une cinquantaine seulement à être enregistrés comme » réfugiés » auprès du Conseil national pour l’accueil des réfugiés. Les autres sont considérés comme demandeurs d’asile ou migrants économiques. Ce qui risque de compliquer un peu plus la situation.