Plus de 200 migrants qui occupaient les jardins d’Eole dans le 18ème arrondissement à Paris ont été évacués, ce vendredi dans la matinée, vers des centres d’hébergement. D’autres migrants restent toutefois dans la rue.
À la veille de la Journée mondiale des réfugiés, Plus de 200 migrants et réfugiés qui campaient, depuis plusieurs jours, dans les jardins d’Eole, dans le18ème arrondissement de Paris, ont été évacués en bus, ce vendredi 19 juin 2015, au matin. Ces migrants ont, dans un premier temps, été évacués le 2 juin de la Porte de la Chapelle où ils campaient sous des tentes. Quelques jours après, ils se sont installés au Bois Dormy, à la halle Pajol et à la caserne Château-Landon, dans le même arrondissement. Les autorités qui avaient promis de les reloger n’ont pas honoré leurs engagements vis-à-vis de ces migrants et réfugiés. Il y a une semaine, ils ont fini par trouver refuge aux jardins d’Eole, dans le même quartier.
Ce vendredi, ils ont enfin été relogés ; une dizaine de cars et mini-bus ont emmené la plupart des migrants et réfugiés, originaires pour la plupart d’Érythrée et du Soudan, vers six centres d’hébergement. Cinq de ces centres sont situés à Paris et un dernier à Pantin, en Seine-Saint-Denis. Mais selon des témoins, les migrants n’ont même pas eu le temps de se concerter.
L’opération, qui a été menée par la mairie de Paris et le ministère de l’Intérieur, a commencé en début de matinée et s’est terminée à la mi-journée. Des agents de propreté de la mairie de Paris sont ensuite arrivés pour nettoyer les lieux.
Cette opération a été menée dans le cadre du plan annoncé par le gouvernement, mercredi 17 juin, et qui prévoit la création de plus de 10 000 places d’hébergement supplémentaires pour les migrants et réfugiés qui fuient de plus en plus les crises ou la pauvreté en Afrique et au Moyen-Orient. Cette « opération humanitaire s’est déroulée dans d’excellentes conditions », ont écrit le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve et la maire de Paris dans un communiqué commun.
Mais l’opération ne s’est pas bien terminée. Certains migrants n’ont pas été hébergés et ont été interdits de rester dans les jardins d’Eole. Un agent de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) présent sur place dans l’après-midi nous a confié que « les autorités ne comptent pas loger les migrants qui ne souhaitent pas faire une demande d’asile en France et qui veulent se rendre en Angleterre ». « Ils n’ont pas le choix, soit ils acceptent d’être hébergés s’ils demandent de devenir Français, soit ils ne reviennent plus dans ces lieux publics », a-t-il ajouté. C’est donc à prendre ou à laisser. Mais certains migrants craindraient leur placement en Centre de rétention administrative (CRA), une démarche qu’entreprennent les autorités dans le but de préparer leur renvoi à leur pays d’origine.
Ce n’est pas encore terminé pour certains
Les migrants qui ont refusé l’hébergement sont allés dans un premier temps à Stalingrad, non loin des jardins d’Eole. Puis ils ont fini par occuper le gymnase Jean Jaurès, situé quelques rues plus loin; dans le 19ème arrondissement. Un rassemblement de soutien aux migrants a eu lieu devant le gymnase, suivi de l’arrivée de plusieurs camions de police pour encercler le gymnase et évacuer de nouveau les migrants. Les personnes du soutien ont tenté de bloquer l’entrée du gymnase afin d’empêcher le forces de sécurité d’atteindre les migrants.
Vers 21h, face à la pression et l’importante présence des forces de l’ordre, les occupants ont fini par sortir du gymnase. Entre une trentaine et une quarantaine de migrants se sont ensuite installés dans un square à la sortie du métro la chapelle. Des associations leur ont apporté des repas chauds pour une, voire plusieurs nouvelles nuits de calvaire dans la rue avant d’être de nouveau évacués.
Les forces de l’ordre, quant à elles, ont campé, après l’évacuation des réfugiés, devant les jardins de l’Eole pour boucler tout le périmètre et empêcher les migrants de revenir sur les lieux, ne laissant passer personne sans contrôle d’identité.
Rappelons que samedi 13 juin dernier, à la rue de Pajol, dans le 18ème arrondissement, les forces de l’ordre ont procédé à des évacuations violentes d’une centaine des migrants qui ont tenté d’occuper l’église Saint Bernard.
Quelque 150 autres migrants originaires d’Afrique subsaharienne vivent dans un autre campement à Paris, dans le quartier de la gare d’Austerlitz. Ils redoutent d’être à leur tour délogés. Le Collectif de soutien aux migrants du 13ème arrondissement a rédigé une lettre qui a été remise à la mairie et au préfet de Paris, lundi 15 juin. Dans cette correspondance, les organisations membres de ce collectif réclament un « hébergement pérenne » pour chaque migrant et un accompagnement adapté à leur situation, leurs besoins et leurs souhaits.