Le cinéma reflète-il la réalité ? Le paysage audiovisuel français est il représentatif du monde qui le constitue? Comment les réalisateurs africains de la diaspora peuvent- ils imprimer leur quotidien, leur rêve ou leur enfer sur la pellicule et atteindre le grand public ?
Faute de distributeurs, les films se baladent de festival en festival, comme des nomades en quête de salles. Pourtant malgré le rabâchage pessimiste concernant la situation du cinéma africain, les films se font, par conviction, par résistance ou par nécessité. Paradoxalement à la crise de sujets dans le cinéma occidental, les histoires et les idées pleuvent chez ces cinéastes voyageurs aux multiples identités culturelles. Mais dès qu’il est question d’Afrique, on mélange tout. Difficile de faire l’impasse sur les généralités qui encombrent le discours sur les minorités, même dans les scénarios. Quand on parle de cinéma, on évoque tout de suite le nombre d’entrées ? En tant qu’industrie, le cinéma africain ne peut exister que s’il devient rentable, comme l’est, par exemple l’industrie du disque. C’est pourquoi le réalisateur malien Cheick Oumar Sissoko, a décidé pour ses derniers films » La Genèse » et » Battu » de faire appel à des acteurs Star comme Salif Keita ou Danny Glover, car il considère que grâce à des têtes d’affiche, le public se déplacera davantage.
Il fait également appel à des scénaristes ou à des adaptateurs qui privilégient l’écriture comme élément primordial de l’élaboration d’un film. Créant des studios à Bamako, au Mali, avec une structure indépendante de production, une équipe de décorateurs- plasticiens, costumiers et techniciens. Car si les fonds viennent de la coopération, cela induit inévitablement une implication de la part des producteurs sur le produit fini, qui reflète davantage la vision occidentale de l’Afrique que celle des cinéastes eux-mêmes. La difficulté consiste alors à résoudre cette contradiction : pour s’en sortir le cinéma africain doit être à la fois autonome financièrement et rentable économiquement. Le festival International du film d’Amiens (du 9 au 18 octobre 2001) offrira peut-être une réponse à cette problématique autour de rencontres et d’un riche panorama audiovisuel originaire d’Afrique noire et du Maghreb.