Le Gabon vit une journée décisive ce samedi alors que 848 000 électeurs doivent se prononcer par référendum sur un projet de Constitution présenté comme un « tournant majeur » après le coup d’État d’août 2023.
Le régime de transition défend ce texte, qui suscite autant d’espoirs de renouveau que de critiques acerbes sur son contenu et ses intentions.
Une refonte politique en perspective
Le projet de Constitution propose une transformation profonde du système politique gabonais. Il abandonne le régime semi-parlementaire au profit d’un régime présidentiel renforcé. Désormais, le président détiendrait l’intégralité du pouvoir exécutif, épaulé par deux vice-présidents, sans Premier ministre. Les ministres seraient responsables uniquement devant le chef de l’État, et le Parlement perdrait son droit de censure.
L’une des principales innovations réside dans la limitation stricte des mandats présidentiels. En effet, un maximum de deux septennats s’inscrit désormais de manière intangible dans le texte. Les partisans du « oui » soutiennent ce point et le présentent comme une garantie pour instaurer une alternance politique. Il viserait à éviter les excès du passé.
Des conditions d’éligibilité au cœur des débats
Les critères pour accéder à la magistrature suprême ont cristallisé les tensions. Le projet impose que les candidats soient exclusivement Gabonais, nés d’au moins un parent gabonais, et mariés à une personne de nationalité gabonaise. L’opposition dénonce ces dispositions, bien que moins restrictives que celles initialement proposées. Elles apparaissent comme un moyen d’exclure certaines figures politiques majeures.
Le texte interdit également au conjoint ou aux descendants du président en fonction de briguer sa succession. L’opinion perçoit cette mesure comme une réaction directe à l’héritage controversé de la dynastie Bongo.
Une campagne à deux vitesses
La campagne pour ce référendum s’est déroulée dans une atmosphère contrastée. Le camp du « oui », soutenu par la quasi-totalité des acteurs de la transition, a organisé des tournées nationales pour promouvoir le projet. Le Premier ministre Raymond Ndong Sima a visité des régions symboliques comme Port-Gentil et Franceville, bastions de l’ancien régime. Les arguments avancés mettent en avant une Constitution plus inclusive et adaptée aux défis actuels.
À l’inverse, les opposants, bien que moins visibles sur le terrain, ont investi massivement les réseaux sociaux pour critiquer le texte. Des personnalités comme Pierre Claver Maganga Moussavou et Albert Ondo Ossa dénoncent une tentative de concentration excessive du pouvoir entre les mains du président. Selon eux, ce projet viserait à instaurer une « monarchie républicaine » déguisée, qui éloignerait le pays des principes démocratiques.
Un enjeu capital : la participation
Malgré l’importance du scrutin, le taux de participation représente l’un des principaux défis de cette consultation. Dans un contexte post coup d’État marqué par une défiance envers les institutions, convaincre les électeurs de se déplacer reste une priorité.
Les 2 835 bureaux de vote ouverts jusqu’à 18 heures devront centraliser les résultats au ministère de l’Intérieur. Si le texte est adopté, le Gabon pourrait s’engager dans une nouvelle ère, avec une élection présidentielle prévue pour août 2025. Elles marqueront la fin de la période de transition.