Les Marocains doivent, le 1er juillet, se prononcer, par référendum, en faveur ou contre la nouvelle Constitution. Finie, la répression policière. Le pouvoir change de stratégie et recrute désormais ses nouveaux mercenaires : les Baltajias, de jeunes marocains défavorisés prêts à tout pour défendre le trône contre quelques dirhams. De plus, il a fait appel à la religion par le biais de la plus grande secte soufie du Maroc : Boutchichia. Enfin, le vote des Marocains résidant à l’étranger (MRE) pourrait être un soutien appréciable.
Plus que deux jours de réflexion pour la communauté marocaine avant d’aller voter oui ou non à la nouvelle Constitution. Le royaume chérifien, qui tente dorénavant de se positionner en tant qu’Etat pacifique et bien sûr démocratique, semble avoir trouvé une solution alternative à la répression. Enfin presque… Le déploiement de ses nouveaux mercenaires et l’appel à la religion seraient, d’après le quotidien marocain Demainonline.com, les nouvelles armes du gouvernement pour contrer ceux qui disent « non » à la réforme.
Les « Baltajias de Sidna »
Désormais, la répression policière ne devra être utilisée qu’exceptionnellement face aux manifestants du Mouvement du 20 février. Mais le pouvoir a trouvé un autre moyen de faire taire les contestataires : de jeunes désœuvrés recrutés sur tout le territoire par des partis politiques et indirectement par la Direction de la Surveillance du Territoire (DST). Ils se font appeller les « Baltajias de Sidna ». Pour 100 dirhams (10 euros), ces nouveaux combattants du roi, qui pour la plupart ne connaissent rien de la Constitution, sont appelés pour défendre le trône. Leurs armes ? Le drapeau national, le portrait du souverain et surtout des barres de fer, des couteaux et des sabres !
Les soufis de la secte Boutchichia
Les autorités du royaume font aussi appel à la religion pour encourager les Marocains à voter oui à sa nouvelle Constitution par l’entremise de la secte soufie Boutchichia. Les membres de cette secte, qui peuplent la haute et moyenne administration et ont pour « guide suprême » Hamza Kadiri Boutchichi, se sont manifestés dimanche. Ils étaient des milliers à s’être réunis à Casablanca pour faire concurrence à la manifestation du Mouvement du 20 février prévu ce jour-là. Pour se faire, des partis politiques ont mobilisé des centaines de bus pour rapatrier les adeptes de la secte. Sauf que le mouvement, lui, s’est rassemblé partout au Maroc, et pas seulement dans la capitale économique…
Des bureaux de votes dans les ports
C’est l’été, et les Marocains résidents à l’étranger (MRE) ont commencé leur périple routier pour se rendre au Maroc. Et pour que ces ressortissants puissent eux aussi voter, les autorités du royaume ont trouvé la parade : installer des bureaux de vote dans les ports d’Algeciras et d’Almeria, en Espagne, et de Sète, en France.
« Des bureaux de vote ont été mis en place dans des ports européens importants pour permettre aux Marocains résidant à l’étranger (MRE), en transit vers le Maroc pour les vacances estivales, d’accomplir leur droit de vote au référendum constitutionnel du 1er juillet », a annoncé l’agence de presse officielle MAP qui reprend une déclaration du ministre chargé de la communauté marocaine résidant à l’étranger, Mohamed Ameur.
Dans cette situation, aucune liste électorale ! Un ressortissant marocain pourrait voter plus d’une fois, personne ne le saurait…
Alors que certains semblent satisfaits des efforts entrepris par le roi quant à la rédaction d’une nouvelle Constitution, d’autres voteront non lors du référendum estimant que ce nouvel écrit ne répond pas aux revendications. Entre combattants du trône et utilisation de la religion, le pouvoir espère mettre tout le monde d’accord. Quelles seront les conséquences de cette stratégie ?