Patrice Talon, Président du Bénin, est reconduit à la tête de l’État pour un nouveau mandat de cinq ans, au terme du scrutin du 11 avril dernier. AFRIK.COM a recueilli l’opinion de quelques Béninois sur le processus électoral ayant conduit à cette réélection.
Les Béninois apprécient diversement le processus électoral ayant conduit à la réélection, au premier tour, de Patrice Talon, Président candidat, à sa propre succession. Certains fustigent le mécanisme mis en place par le régime pour écarter tous les rivaux. C’est le cas de Raoul A., directeur des finances dans une entreprise à Abomey-Calavi, qui est catégorique : « Le jeu électoral auquel nous avons assisté est tout simplement ridicule ».
« Je méconnais mon pays. Le Bénin, qui faisait autrefois la fierté de tout le continent… C’est dommage », renchérit Paul M., électricien auto à Porto-Novo. « Le Président aurait dû ouvrir le jeu à tous les prétendants. Cela nous aurait certainement éviter les dernières violences qui n’honorent guère le pays », poursuit-il.
De son côté, Paulin S., professeur d’Histoire-Géographie dans un collège de Cotonou se demande « si l’actuel Président béninois aurait pu accéder à sa position actuelle si son prédécesseur, Boni Yayi, avait eu, en 2016, le même comportement d’exclusion ». Pour cet enseignant, « le pays a besoin de sauvegarder son image de havre de paix, sans laquelle aucun développement réel n’est possible ». Puis il ajoute : « Depuis 1990, c’est la première fois que nous assistons à ce déferlement de violences en période pré-électorale. C’est pathétique. Et cela fait la deuxième fois que des actes de violences sont enregistrés dans le pays dans le sillage des élections sous le mandat du Président Patrice Talon. Lui-même a dit tout récemment qu’il ne doit plus jamais y avoir des actes de cette nature dans le pays. Je ne crois pas que la solution soit forcément dans la mise aux arrêts des opposants. J’exhorte le chef de l’État à privilégier le dialogue et la recherche du consensus ».
François-Xavier H., conducteur de taxi moto communément appelé “Zémidjan”, à Cotonou, pense, pour sa part que les élections se sont très bien déroulées. « Nous avons voté dans la paix. Je remercie le peuple béninois pour sa maturité. Ceux qui ont posé des actes de vandalisme devront subir la rigueur de la loi », a déclaré le jeune homme âgé d’une trentaine d’années.
« Personnellement, je reste persuadé que le Président Talon méritait bien qu’on lui accorde un second mandat. Vous-même, regardez tout ce qu’il a pu faire en cinq ans, en termes de construction d’infrastructures routières. Pour le “Zémidjan” que je suis, j’ai moins de courbatures après une journée de conduite. Beaucoup de voies en terre qui étaient cahoteuses sont désormais bitumées et on y circule aisément. Talon 10 ans ! », s’est-il écrié, ses lèvres fendues par un large sourire.
Sa position est voisine de celle Géraud T., gestionnaire des ressources humaines dans une entreprise à Porto-Novo. « Je suis né et je vis à Porto-Novo. Ma ville est métamorphosée depuis l’avènement du Président Patrice Talon. C’est du jamais vu à Porto-Novo. La ville-capitale n’en avait pas du tout l’allure. Aujourd’hui, beaucoup de choses changent dans la ville et pas que. Dans tout le pays. J’ai un cousin qui est rentré pour les vacances l’année dernière après un séjour de quatre ans en France. Il m’a avoué avoir dépassé sans le savoir notre maison à Tokpota (un quartier de Porto-Novo, ndlr) et a dû se renseigner auprès des voisins. Voyez-vous, c’est cela l’efficacité », nous a-t-il confié.
Et de conclure : « Je condamne les actes de violence perpétrées à quelques jours de l’élection. C’est dommage que les jeunes se laissent ainsi manipuler par des politiciens véreux ».
« Le dimanche dernier, moi j’ai voté pour mon Président parce que pour moi, le processus électoral s’est bien déroulé dans l’ensemble. Certes, il y a eu des scènes de violence enregistrées dans certaines régions du pays. Mais ce sont les opposants qui ont appelé les jeunes à réagir ainsi. Le Président Talon œuvre véritablement pour changer notre pays. C’est vrai que pour nous, la vie n’est pas facile ; il nous a demandé de serrer la ceinture ; c’est un peu dur, c’est vrai. Mais je crois que c’est pour la bonne cause. On espère qu’il va revoir certaines choses au cours de ce second mandat que nous venons de lui accorder », ajoute Mathilde N., la quarantaine environ, tenancière d’une boutique de prêt-à-porter à Abomey-Calavi.
Il est clair que les avis des Béninois divergent sur la situation politique actuelle du Bénin. La mission du Président Patrice Talon dont la victoire au premier tour a été confirmée, ce jeudi, par la Cour constitutionnelle, doit donc être de réconcilier ce pays qui semble aujourd’hui divisé. Et pour le faire, il doit privilégier le dialogue.