L’action du Fonds monétaire international en matière de lutte contre la pauvreté en Afrique sub-saharienne est ambigüe et confuse, constate un rapport du Bureau d’évaluation indépendante (IEO), un organe du FMI. Le rapport publié ce lundi suggère à l’institution financière de « clarifier ses engagements ».
Le Fonds monétaire international (FMI) serait ambigu et confus dans sa politique d’aide et de réduction de la pauvreté en Afrique sub-saharienne, indique un rapport, paru lundi, de son Bureau d’évaluation indépendante (IEO). Ses conclusions s’appuient sur l’analyse de la situation de 29 pays bénéficiant de la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC) sur la période 1999 et 2005. Le document constate également une distorsion entre la communication de l’organisation en matière de lutte contre la pauvreté et ses actions dans les pays pauvres. Le FMI aurait « survendu » ce qu’il est « censé faire et ce qu’il a fait en matière de réduction de la pauvreté ». De même, le rapport met en lumière des « divergences de vues parmi les membres du conseil d’administration au sujet du rôle et des politiques que doit mener le FMI dans les pays à faibles revenus ». Le Fonds devrait par conséquent, conclut le rapport de l’IEO, « être plus clair et plus impartial au sujet de ce qu’il a entrepris de faire, et plus assidu, transparent et responsable dans la mise en œuvre de ses engagements ».
Revisiter son mandat
Ce n’est pas la première fois que l’action du FMI en matière d’éradication de la pauvreté est épinglée. La critique la plus récente remonte à février dernier. Un ancien ministre des Finances brésilien, Pedro Malan, avait estimé que le Fonds empiétait sur le terrain de la Banque mondiale dont l’aide aux pays pauvres est en théorie le mandat. Quelques quelques années plus tôt, c’est l’efficacité des Plans d’ajustements structurels (PAS) imposés aux pays africains, dans les années 80, qui avait été remise en cause. Face aux critiques les plus récentes, le directeur général du FMI Rodrigo Rato avait admis que son organisation devait être « être prudent(e) et (se) concentrer sur (son) mandat » en notant que « financer le développement » n’en relevait pas. Mais peut-il en être autrement quand on est de plus en plus impliqué dans la réduction de la pauvreté ? L’heure est peut-être venue pour le FMI de revoir ses attributions, entre autres vis-à-vis de sa sœur jumelle, la Banque mondiale, comme le suggère le rapport de l’IEO qui lui recommande de « clarifier ses engagements ». L’une des principales missions du FMI, qui ont évolué depuis sa création en 1945, étant de venir à la rescousse des Etats qui connaissent des crises financières en leur imposant éventuellement, en contrepartie, des politiques économiques.