Amnesty International a dénoncé, ce mardi 13 mai, la recrudescence des cas de torture et autres mauvais traitements dans 141 pays au cours des cinq dernières années. L’organisme met en cause certaines séries télévisées.
L’organisation non gouvernementale de défense des droits de l’homme, créée en 1961, a dénoncé, ce mardi, la pratique de la torture, encore très présente dans le monde, et en particulier sur le continent africain. L’organisation a annoncé le lancement de sa nouvelle campagne mondiale intitulée « Stop Torture ».
Amnesty International, qui met en cause le rôle que les séries télévisées peuvent avoir dans la normalisation de la torture, s’est notamment focalisée sur le continent africain, où elle rapporte une expansion endémique de la torture et une faible pénalisation.
« Les gouvernements trahissent les engagements qu’ils ont pris de mettre un terme à la torture », dénonce l’ONG. En 1981, 25 pays africains signaient la charte africaine des droits de l’Homme et des peuples, avec son article 5 qui interdit la torture, qu’elle soit morale ou physique. Aujourd’hui, seulement 10 pays africains ont dans leur Constitution des lois qui interdisent ce traitement, rapporte Amnesty International.
Avec cette campagne, Amnesty se concentre sur cinq pays dans lesquels elle estime que cette pratique a le plus d’impact, dont le Maroc ( et la zone du Sahara occidental) ainsi que le Nigeria.
Sentiment d’insécurité
« Les gouvernements africains n’ont toujours pas pris la mesure du problème, et à plus forte raison n’ont pas commencé à s’y attaquer », a déclaré Netsanet Belay, directeur des recherches et des actions de plaidoyer pour l’Afrique d’Amnesty International. Dans un sondage mené au niveau mondial par le cabinet Globescan, 58% de Kényans et 50% des Nigérians craignent d’être torturés en cas d’arrestation, alors que la moyenne mondiale est de 44%. Le Brésil et le Mexique arrivent en tête de ce triste classement, avec respectivement 80% et 64%.
Banalisation de la torture
Amnesty International affirme que la torture a « été presque normalisée, c’est devenue la routine », a déploré le secrétaire général d’Amnesty, Salil Shetty, au cours de la conférence de presse de lancement de la campagne « Stop Torture », notamment « depuis la soi-disant guerre contre le terrorisme ». L’idée que la torture est parfois nécessaire ou/et acceptable, pour assurer la sécurité est particulièrement forte au Kenya (74%) et au Nigeria (64%). Mais aussi en Chine (74%) et aux Etats-Unis (45%).
Pour Kate Allen, directrice pour le Royaume-Uni d’Amnesty, ce soutien est lié à la popularité des séries télévisées d’espionnage, particulièrement violentes. « Des séries comme 24 Heures Chrono et Homeland ont glorifié la torture pour toute une génération », a-t-elle déclaré.