La rougeole tue toujours plus en Afrique. C’est le sombre constat de Médecins Sans Frontières (MSF). Malgré une réelle diminution au niveau mondial, et surtout occidental, le nombre de décès liés à la rougeole est toujours inquiétant en Afrique. Un impératif pour MSF qui appelle à reconnaitre et considérer les défaillances des systèmes de santé. Surveillance, prise en charge des malades et vaccination massive. Trois mots d’ordres, trois urgences.
C’est le branle-bas de combat à Médecins Sans Frontières. Et pour cause ! La résurgence des épidémies de rougeole en Afrique ne laisse rien présager de bon. « Au cours des 20 dernières années, je n’ai jamais constaté autant de cas et de pays touchés par la maladie », expliquait Florence Fermon, référent pour la rougeole MSF, lors d’une conférence de presse hier à Paris. Malgré des progrès indéniables, notamment au niveau du Programme élargi de vaccination (PEV) lancé par l’OMS, qui permet de rendre les vaccins accessibles à tous les enfants autour du monde, la rougeole tue toujours. Très contagieuse, elle a été, en 2000, la quatrième cause de mortalité en Afrique, causant 733 000 décès. On en dénombrait seulement 164 000 en 2008. Premières victimes de cette affection, les enfants. « En l’absence de traitements, la rougeole peut provoquer la mort de 5 à 20% des malades », indique Florence Fermon.
Aucun doute pour l’ONG. « Il y a manifestement des défaillances systémiques dans la prévention de la rougeole », assure Thierry Durand, directeur des opérations MSF. Depuis 2 ans, des campagnes de vaccination de grande ampleur se sont déroulées dans des pays réputés compétents en matière de santé, comme le Malawi, le Mozambique, l’Afrique du Sud ou le Burkina Faso. « Les épidémies de rougeole dans des pays politiquement stables ne sont pas normales. Elles indiquent nécessairement un dysfonctionnement ou des faiblesses dans le système routinier de vaccination », explique Thierry Durand. D’autres pays comme le Tchad, le Zimbabwe ou le Nigeria sont également touchés par la maladie.
Un vaccin efficace et peu coûteux
En 2009, MSF a vacciné plus de 1,5 millions d’enfants et d’adolescents africains âgés de 6 mois à 16 ans dans une dizaine de pays. « En 2010, ce sera probablement le double », redoute Dounia Dekhili, responsable adjointe des opérations d’urgence. La rigidité du Programme élargi de vaccination (PEV), le manque de financements, de moyens logistiques et la démobilisation font craindre le pire aux équipes de l’ONG. Seule parade : sensibiliser les différents acteurs impliqués dans la lutte contre la rougeole aux défaillances du système. OMS, UNICEF, Global Alliance for Vaccination and Immunization, bailleurs, ministères de la santé doivent se concerter et éviter le morcellement de leurs responsabilités et donc la diminution de leurs capacités. Une initiative souvent délicate d’un point de vue budgétaire.
« Le vaccin est heureusement très peu cher. C’est un élément non négligeable étant donné nos difficultés. Il revient à 30 centimes d’euros et est plutôt efficace puisqu’il protège 85% des vaccinés pour une immunité à long terme », précise Florence Fermon.
Alors que les objectifs d’éradication de la maladie sont annoncés pour 2015 par l’OMS, la rougeole progresse toujours nettement depuis 2009. Une recrudescence qui, selon MSF, n’en est qu’à ses débuts si aucunes mesures radicales ne sont prises.