Reconnaissance diplomatique de la junte du Niger à l’ONU : Bazoum de plus en plus esseulé


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Le Président déchu du Niger, Mohamed Bazoum
Mohamed Bazoum, Président déchu du Niger

S’il restait une lueur d’espoir au Président déchu du Niger, Mohamed Bazoum, les derniers événements diplomatiques connus par son pays ont fini de dissiper totalement cet espoir. Même à l’ONU, l’ambassadeur nommé par le gouvernement de transition est désormais reconnu.

Le CNSP dirigé par le général Abdourahamane Tiani vient de marquer un gros point diplomatique en obtenant la reconnaissance de son représentant aux Nations Unies. En effet, le 6 décembre 2023, la Commission de vérification des pouvoirs a reconnu l’ambassadeur nommé par la junte comme le représentant légitime de l’État nigérien à l’ONU. Galvanisée par cette importante victoire diplomatique, la junte s’est fendue, comme à son habitude, d’une déclaration lue à la télévision nationale. Dans cette déclaration, le CNSP ne s’est pas privé de décocher quelques flèches à la CEDEAO. « La Commission de vérification des pouvoirs de l’Assemblée générale des Nations Unies ne fait qu’acter un point de droit international qui ne souffre d’aucune interprétation a contrario comme l’ont fait les institutions de la Commission économique des États de l’Afrique de l’ouest qui se fourvoient dans l’analyse du droit communautaire et du droit international », lit-on dans la déclaration.

Le Togo et le Nigeria ont pesé lourd dans la balance

Il est à préciser que le Togo et le Nigeria, membres de la Commission de vérification des pouvoirs ont pesé dans cette reconnaissance des nouvelles autorités nigériennes. Deux pays qui ont, au fil du temps, revu leurs positions par rapport à la junte nigérienne. Rien d’étonnant alors à ce que quatre jours plus tard, c’est-à-dire le 10 décembre 2023, la CEDEAO reconnaisse à son tour, à l’occasion de son 64e sommet, le régime de Niamey. Ce qui, jusque-là, était considéré comme une « tentative de coup d’État » est finalement admis comme un coup d’État. L’Organisation régionale a alors désigné des médiateurs pour diriger les pourparlers avec les autorités nigériennes.

Qu’en sera-t-il désormais de Bazoum ?

Le temps aura eu raison de Mohamed Bazoum, lui qui a refusé de démissionner, depuis sa déchéance, le 26 juillet 2023. À la demande de la CEDEAO, à l’occasion de son 64e sommet, de le libérer immédiatement et sans condition, le CNSP a riposté dans une déclaration dans laquelle il accuse l’Organisation régionale de chercher à déstabiliser le Niger. La décision de la Cour de justice de la CEDEAO qui a ordonné, le 15 décembre, la libération du Président déchu n’aura non plus aucun écho favorable auprès de la junte.

La reconnaissance internationale que la junte acquiert progressivement contribue à mettre l’ancien Président dans une posture de plus en plus inconfortable. Surtout quand on sait qu’au début de son renversement, les militaires l’avaient déjà accusé de haute trahison et affirmé détenir des preuves accablantes contre lui. La junte a également retenu, contre l’ancien Président, sa « tentative d’évasion » de la nuit du 18 au 19 octobre 2023, confirmée par le procureur de la République, le 31 octobre 2023.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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