L’organisation non gouvernementale pour la réconciliation et le développement (Reconciliation and development corporation, Radcorp) existe depuis avril 2003 et travaille sur la réconciliation entre l’Afrique et sa diaspora. Rencontre avec son président, Ewart Forde.
L’organisation non gouvernementale pour la réconciliation et le développement (Reconciliation and development corporation, Radcorp) est la concrétisation du souhait, exprimé en 1999, du Président béninois, Mathieu Kérékou, de voir l’Afrique et sa diaspora se réconcilier. Radcorp a vu le jour en avril 2003 à Bâton Rouge en Louisiane (Etats-Unis). Points forts de son programme : l’adoption de villages africains par les églises, communautés de base des africains américains, et une vaste campagne de communication pour informer la diaspora. Ewart Forde, le président de l’association, est américain, originaire de Trinidad et Tobago. Il revient pour nous sur la mission et le sens de l’action de Radcorp.
Afrik com : Comment résumer la mission de Radcorp ?
Ewart Forde : Radcorp, c’est la réconciliation. La diaspora africaine partage quelque chose d’unique dans le monde : sa perte d’identité. Elle est complètement déconnectée de ses racines. C’est quelque chose de véritablement humiliant pour les africains américains. Une chose que l’on ne raconte pas volontiers à ses enfants. Et le monde nous demande d’oublier, tout simplement. Lorsque le Bénin a entrepris la démarche de se faire pardonner pour ce qui nous était arrivé, il nous a fait un cadeau inestimable. Nous espérons que d’autres pays suivront. C’est l’Afrique qui est à l’origine de cette réconciliation. C’est pourquoi l’action de Radcorp est si importante. C’est l’opportunité donnée à la diaspora de se reconnecter à son continent d’origine. C’est également une chance pour l’Afrique. Si la puissance économique de la diaspora était alliée aux ressources disponibles en Afrique, le continent aurait véritablement une chance de se développer. C’est aussi le propos de Radcorp qui souhaite contribuer au bien-être de chaque Africain dans le monde et combler le fossé qui sépare l’Afrique de sa diaspora. C’est le destin de cette dernière de revenir à son continent d’origine et d’y jouer un rôle dans l’avenir. Notre action n’est pas liée à la religion mais il se trouve que les chrétiens de la diaspora détiennent un certain pouvoir économique.
Afrik.com : Les différences culturelles ne sont-elles pas un obstacle à la réalisation de ce véritable projet de société ?
Ewart Forde : Les pays de l’Union Européenne sont culturellement différents mais ne partagent-ils pas la même monnaie ? La diaspora a une vision mythique du continent. Pour nous, l’Afrique est un paradis, c’est notre terre promise. Alors que l’image que nous renvoie Washington est celle d’un continent mal en point, pauvre. Et pour les Africains, les Américains sont arrogants. L’Occident a manipulé de part et d’autre la perception que nous avons les uns des autres. La réconciliation est l’occasion de se retrouver, de dépasser nos préjugés et de partager notre héritage commun.
Afrik.com : D’autres projets qui rejoignent votre propos, comme l’université virtuelle africaine, existent déjà. N’est-il pas nécessaire de coordonner les actions ?
Ewart Forde : Le continent est assez grand pour nous contenir tous et il n’est pas indispensable de coordonner nos différentes actions. Dans le cadre de l’université virtuelle, il s’agit de relier les universités africaines américaines à celle du continent.