Lors du tête à tête entre Barack Obama et Hosni Moubarak qui s’est tenu mardi à la Maison Blanche, les deux présidents n’ont pas pu tomber d’accord sur la normalisation souhaitée par Washington entre les pays arabes et Israël. Pour le dirigeant égyptien, Hosni Moubarak, il faut avancer vers la création d’un Etat palestinien viable. Ensuite seulement, on pourra penser à la reprise des relations diplomatiques et commerciales entre Tel-Aviv et les capitales arabes.
Barack Obama aurait souhaité que dans les mois à venir, les pays arabes rouvrent leurs représentations diplomatiques à Tel-Aviv, et qu’Israël puisse faire de même dans leurs capitales. Il se serait réjouit de voir les deux camps relancer leurs échanges commerciaux, bref, reprendre des relations normales. Il n’en sera rien, du moins pas pour l’instant. Le président Américain n’a pas pu obtenir du président Egyptien Hosni Moubarak, qu’il a reçu mardi à la Maison Blanche, l’appui qu’il escomptait pour le réchauffement des rapports entre l’Etat hébreux et ses voisins arabes.
« Le Caire a informé Washington de son refus des idées américaines sur la normalisation. Je ne pense pas que ces idées verront le jour », a déclaré lundi Soliman Awad,le porte-parole de la présidence Egyptienne, dans une interview accordée au quotidien égyptien Al-Ahram. Le point d’achoppement ? La situation dans les territoires palestiniens. Pour Hosni Moubarak, seule une résolution fiable du conflit israélo-palestinien amènera les Etats Arabes à reconsidérer leur position vis à vis d’Israël.
La poursuite de la colonisation des territoires freine le processus de paix.
Barack Obama estimait pourtant de son côté avoir fait le maximum, pour obtenir une adhésion de son hôte à son projet. A la différence de George Bush son prédécesseur qui s’était montré peu critique vis-vis à d’Israël, il a clairement exigé de Tel-Aviv le gel des implantations coloniales en territoire palestinien. Le président Américain a aussi dépêché à Tel-Aviv, les plus grands spécialistes du Proche-Orient de son administration, à l’instar de Robert Gates, son secrétaire d’Etat à la Défense, et Denis Ross, son conseiller spécial pour le Proche-Orient. Objectif : négocier des concessions pour relancer le processus de paix, tombé au point mort à la fin de la présidence de Georges Bush.
Si Israël a réagi positivement, en annonçant un arrêt temporaire des appels d’offres de construction de logements, de nombreux observateurs estiment cependant que dans la réalité, l’Etat hébreu n’a cédé que peu de choses. Les appels d’offres en question avaient déjà été suspendus, il y a six mois. Par ailleurs, rien n’empêche les conseils municipaux ou les fonds privés de financer des implantations de colonies, s’ils le souhaitent. « Même en cas d’arrêt total des appels d’offres gouvernementaux, au moins 60% de la construction dans les colonies continuerait », a commenté mardi l’organisation israélienne La Paix maintenant.
Pour Hosni Moubarak, il faut laisser de côté ces atermoiements, et passer au règlement définitif de la question des territoires palestiniens : définir les frontières de l’Etat palestinien à naitre, trancher la question du statut de Jérusalem, et résoudre la question des réfugiés palestiniens. Voilà selon lui, le préalable à toute normalisation entre Israël et ses voisons arabes. « La reconnaissance d’Israël et la normalisation des relations interviendront après, et non avant qu’on parvienne à une paix juste et durable » a-t-il déclaré lundi au quotidien Al-Ahram. Pour le Caire, ce serait même une erreur, si des Etats arabes se rapprochaient tout de suite d’Israël, selon le vœu de Barack Obama. « Il se pourrait que certains pays arabes prennent des mesures en faveur d’une normalisation avec Israël en guise de bonne volonté. Pourtant, nous pensons que c’est à Tel-Aviv de commencer par montrer sa bonne volonté », pense Soliman Awad.
Hosni Moubarak ne sera donc pas le VRP de Barack Obama pour son plan de rapprochement entre Israël et les pays arabes. Fidèle à sa propre vision des choses, il privilégie pour l’instant la résolution du conflit israélo-palestinien. Lundi à Washington, il a rencontré des représentants des organisations juives américaines (le Congrès juif mondial, la ligue anti diffamation et le Bnai Brith, etc.) et des lobbies pro-israéliens. Dans les territoires, il continue son travail de médiation entre le Hamas qui dirige la bande de Gaza et Israël d’une part, et entre le Hamas et le Fatah de Mahmoud Abbas d’autre part.
De son côté, Barack Obama qui a fait de la résolution du différend israélo-palestinien une des priorités de son mandat, pourrait présenter son propre plan de paix avant octobre.
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