Le recensement général de la population et de l’habitat a débuté le 6 novembre sur toute l’étendue du territoire national. Sur le terrain, quelque 7000 personnes sont déployés et travailleront jusqu’au 19 novembre. Pour constater l’opération, une délégation d’officiels s’est rendue mardi matin à Vogan, dans la préfecture de Vo à la rencontre de ses agents. Reportage.
A Vogan, le recensement a bel et bien commencé ! Sous un soleil intense, dans cette petite cour de terre battue située au cœur de la localité, un agent recenseur interroge une vieille dame vêtue d’un t-shirt blanc et d’un pagne sombre sur les caractéristiques de sa maison. Est-elle locataire ou propriétaire ? Possède-t-elle un téléviseur ? Avec quelle énergie cuisine-t-elle ? Objectif : mesurer la population vivant dans ce pays ainsi qu’évaluer ses conditions d’habitat.
La petite ville de la région maritime, située à 70 km de la capitale, a été choisie par une délégation d’officiels pour venir constater du début de l’opération. A son bord, le directeur de la statistique, Yao Kokou Nguissan, le représentant de la ministre chargée auprès du Président de la république de la planification, du développement et de l’aménagement du territoire Quashe Komlan et, notamment, Patrick Spirlet, ambassadeur et chef de la délégation de l’Union Européenne, principal bailleur du recensement. « Il faut souligner l’importance de ce recensement pour le développement du pays. C’est une base de données essentielle pour faire des choix stratégiques et politiques pour le Togo. Et l’Union Européenne est tout à fait prenante dans ce processus », a affirmé l’ambassadeur lors de sa visite. La dernière opération de ce type date de 1981 et avait permis de dénombrer quelque 5 millions d’habitants au Togo. Or, selon la recommandation des Nations Unies, le recensement doit normalement se faire tous les dix ans. Le pays accuse donc un retard important.
Après une visite dans une petite maison en dure sans barrière ni portail, Patrick Spirlet a tenu à ajouter : « Pour l’échantillon que j’ai pu observer, je trouve que les opérations sont extrêmement bien organisées, que les agents connaissent leur travail, le font consciencieusement, et je n’ai pas jusqu’à présent pu voir de problèmes particuliers. A l’échelle du pays, il y a certainement des problèmes logistiques, d’accès, parfois des problèmes de compréhension de ce que c’est le processus pour certaines personnes mais je crois que tout est mis en place pour essayer de les résoudre, et je pense que les autorités sont très engagés par rapport à cela. » Pourtant, des difficultés sont bien présentes à Vogan.
Quelques difficultés sur le terrain
Sur le terrain poussiéreux, un superviseur s’occupe d’une préfecture. Il a sous ses ordres douze contrôleurs, et chaque contrôleur supervise 6 chefs d’équipe. Un chef d’équipe a trois à cinq agents recenseurs à sa charge. Or, pour les agents, aucun moyen de transport n’a été prévu. Pourtant, si certains n’en éprouvent pas le besoin, d’autres qui s’occupent de plusieurs villages différents doivent parfois effectuer trois heures de marche dans la préfecture pour y accéder. « Les chefs d’équipe disposent d’un vélo pour se déplacer et contrôler le travail des agents sur le terrain. Toutefois, ils n’ont pas reçu de recharges téléphoniques pour appeler leurs agents en cas de problème », souligne un contrôleur de Vogan. A ce sujet, selon une source, les primes promises aux agents ne seraient pas encore parvenus mais les contrôleurs auraient reçus ce jeudi 90 000 F CFA pour l’ensemble des 18 jours que doivent durer le recensement. Et un numéro vert serait mis en place depuis ce jour mais, toujours selon cet informateur, il ne permet qu’une communication entre contrôleurs et non de contrôleur à chef d’équipe ou de chef d’équipe à agent.
De plus, à la rencontre des populations, certaines personnes refusent catégoriquement de se faire recenser. « Il y a des ménages et des chefs de ménages qui refusent catégoriquement de se faire recenser. Et non seulement ils refusent de se faire recenser dans leurs propres ménages, mais ils suivent également les agents pour interdire à d’autres personnes de se faire recenser. C’est cela qui constitue un handicap dans le travail » poursuit le contrôleur. De l’avis des agents interrogés, certaines personnes s’imaginent que le recensement à un but électoraliste. Ou sont gênés par les questions qu’ils jugent trop privés. D’autres pensent qu’elles visent à leur faire payer des impôts. Ou bien encore que divulguer la liste de ses biens à un étranger pourrait certainement conduire à un cambriolage. Dans cette localité comme dans tout le pays, la méfiance semble de mise.