La ministre française de la Francophonie, Yamina Benguigui, a rencontré ce samedi le président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila. Envoyée par le président français, François Hollande, rétif à l’idée de se rendre au prochain Sommet de la Francophonie à Kinshasa, la ministre a clairement illustré l’évolution de la position française.
La ministre française de la Francophonie, Yamina Benguigui, a rencontré ce samedi le président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila. Ce dernier organise du 12 au 14 octobre 2012, à Kinshasa, le 14e Sommet de la Francophonie. Ce déplacement fait suite aux violentes déclarations du chef de l’Etat français, François Hollande, contre les autorités du pays. Il laisse toujours planer le doute quant à sa présence lors de l’évènement. Toutefois, la visite de sa ministre prend des airs de rabibochage.
En effet, Yamina Benguigui a tout d’abord indiqué que la France serait aux côtés de la RDC concernant le conflit dans le Nord-Kivu, pour que le pays reste un et indivisible. Elle a également assuré au président de la RDC, selon l’AFP, que le 14e Sommet de la Francophonie « ne sera pas un tribunal », en déclarant que son pays est sur la « bonne voie ».
Cette visite « sans a priori et sans préjugé » selon la ministre, s’est déroulée comme prévue. Elle a pu rencontrer des membres du pouvoir dont le Premier ministre Augustin Matata Ponyo, ainsi que de l’opposition et de la société civile. La France, après de violentes condamnations, sans concessions, semble finalement remettre le sabre au fourreau pour esquisser un sourire à Joseph Kabila.
Fin d’un faux pas diplomatique ou reniement ?
A Paris, plusieurs associations avaient récemment demandé au président français de ne pas se rendre en RDC, afin de ne pas cautionner le régime de Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001. Le déroulement frauduleux des dernières élections, en 2011, et le non-respect des droits de l’homme, font du président de la RDC un homme peu fréquentable pour le nouveau président français. Qui plus est de gauche ! Le principal parti d’opposition, l’Union populaire pour la démocratie et le progrès social (UPADS) a même demandé, la semaine dernière, la délocalisation du sommet afin de ne pas légitimer celui qui, à leurs yeux, incarne l’usurpation.
Le 9 juillet, François Hollande, se voulant pourfendeur de la « Françafrique », avait affirmé dans un communiqué, peut-être un peu rapidement, que sa présence serait fonction du comportement du régime de Kinshasa. « Les autorités de la RDC doivent démontrer leur réelle volonté de promouvoir la démocratie et l’Etat de droit ». Sans le savoir, en donneur de leçons, il venait de réitérer le péché français en Afrique : la certitude de disposer d’un droit de regard sur les affaires internes des Etats. Sauf que, la RDC, en plus d’être un pays au sous-sol extrêmement riche, regroupe 68 millions des 220 millions de Francophones dans le monde.
Après la polémique, les critiques, sans doute quelques conseils de « realpolitik », François Hollande via la voix de Yamina Benguigui, semble se rétracter. En effet, à présent, pour Mme Benguigui, « Nous avons écouté les voix de ce pays […] nous avons entendu les avances de la RDC ». Avant de conclure, que, finalement, peu de gens sont contre la tenue du 14e Sommet de la Francophonie. Les relations franco-africaines conserveront visiblement leurs vieux réflexes, malgré les bonnes intentions ou, tout simplement, les maladresses socialistes.
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