![William Ruto William Ruto, Président du Kenya](https://www.afrik.com/wp-content/uploads/2023/11/william-ruto-696x392.jpg)
Le Kenya a appelé à un « cessez-le-feu immédiat » dans l’Est de la RDC, où les combats s’intensifient entre l’armée congolaise et le groupe M23, soutenu par le Rwanda. Lors d’un sommet des dirigeants africains à Dar es Salaam, il a souligné l’urgence d’une solution diplomatique pour mettre fin à une crise qui perdure depuis 2021 et menace la stabilité régionale.
Le Président du Kenya, William Ruto, a lancé, samedi, un appel à un « cessez-le-feu immédiat » dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), où les affrontements continuent de faire rage entre l’armée congolaise et le groupe armé M23, soutenu par des forces rwandaises. Ce dernier ne cesse de progresser sur le terrain, ce qui aggrave la situation déjà précaire de la région.
Réunion de la SADC et de l’EAC en Tanzanie
Cette déclaration a été faite lors d’un sommet des dirigeants d’Afrique australe et de l’Est, organisé à Dar es Salaam, en Tanzanie. Ce sommet visait à trouver une solution diplomatique à la crise qui secoue l’Est de la RDC depuis plus de trois ans, et qui s’est intensifiée récemment. Le sommet a réuni des représentants de huit pays membres de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) et de seize pays de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC), après la prise rapide de Goma, la capitale du Nord-Kivu, par les forces du M23 et du Rwanda.
En plus des discussions politiques, cette réunion a vu la participation du Président rwandais Paul Kagame, tandis que le Président congolais Félix Tshisekedi a assisté à la rencontre par vidéoconférence. Le sommet a également réuni les Présidents du Kenya, de la Somalie, de l’Ouganda, de la Zambie et du Zimbabwe, en ouverture des débats.
Combats déplacés dans la province voisine du Sud-Kivu
William Ruto a souligné que le seul moyen d’ouvrir la voie à une véritable solution diplomatique était d’instaurer immédiatement un cessez-le-feu. Selon lui, cela permettrait d’établir les conditions nécessaires à des négociations constructives et à la mise en place d’un accord de paix durable. Le Président kényan a appelé toutes les parties concernées à respecter cet appel à l’arrêt des hostilités, insistant particulièrement sur le M23, qui doit cesser ses avancées, et sur les forces armées congolaises, qui devraient stopper toute forme de représailles.
Lire : Le Burundi renforce son soutien militaire à la RDC pour combattre le M23
Le conflit a pris une tournure dramatique suite à la prise de Goma, la semaine dernière. Un assaut marqué par de violents affrontements et une dégradation tragique de la situation humanitaire. À la suite de cet événement, les combats se sont déplacés dans la province voisine du Sud-Kivu, avec des tensions autour de la ville de Bukavu, située à environ soixante kilomètres du front. A Bukavu, plusieurs écoles et banques ont fermé leurs portes, tandis que de nombreux habitants ont fui la ville pour échapper à la violence.
Des positions divergentes
Depuis le début des hostilités en 2021, plusieurs tentatives de cessez-le-feu ont échoué, les accords étant systématiquement violés. Malgré les médiations menées par des pays comme l’Angola et le Kenya, aucune solution diplomatique n’a encore permis de mettre fin à l’escalade. Une réunion ministérielle avait précédé le sommet à Dar es Salaam, où le ministre des Affaires étrangères du Kenya, Musalia Mudavadi, a proposé de fusionner les processus de paix menés par le Kenya et l’Angola.
Lire : Malawi : pourquoi le président Chakwera rappelle ses troupes de RDC ?
Toutefois, les positions des différents blocs régionaux restent encore très divergentes. La SADC réaffirme son soutien indéfectible à la RDC pour la préservation de son indépendance et de sa souveraineté, l’EAC, incluant à la fois la RDC et le Rwanda, appelle à un dialogue direct avec le M23, un groupe que Kinshasa refuse jusqu’ici de considérer comme un acteur légitime.
Conflit alimenté par des enjeux économiques et géopolitique
Le Président Kagame a, de son côté, exigé le retrait de la mission de la SADC déployée dans l’Est de la RDC depuis 2023. Il juge cette force inefficace et estime qu’elle n’a pas sa place dans cette crise. Le Rwanda, qui nie toute implication dans le soutien au M23, justifie son intervention en évoquant la nécessité d’éradiquer les groupes armés dans la région, notamment ceux qui sont liés à des anciens responsables hutu impliqués dans le génocide des Tutsi en 1994. Kigali affirme que ces groupes armés représentent une menace directe pour sa sécurité.
Le conflit dans l’Est de la RDC, notamment dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, est également alimenté par des enjeux économiques et géopolitiques. La région est riche en ressources naturelles stratégiques, telles que le tantale, l’étain et l’or, qui sont essentiels dans la fabrication de batteries et d’équipements électroniques. Kinshasa accuse le Rwanda de chercher à s’approprier ces ressources, une accusation que Kigali rejette vigoureusement, en insistant sur sa volonté de pacifier la région.