Le docteur Denis Mukwege, surnommé aussi l’homme qui « répare les femmes » victimes de viols, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), est lauréat du Prix de la Fondation Chirac.
Dans l’est de la République démocratique du Congo, il est connu de tous. Le docteur Denis Mukwege qui vient en aide aux femmes victimes de violences sexuelles dans le Kivu, où sévissent des milices armés, est cette année le lauréat de la Fondation Chirac pour la prévention des conflits. Ce prix a été créé en 2008 pour « le Développement durable et le dialogue ».
Le docteur Mukwege est mondialement connu pour son action au Bukavu. Il a fondé l’hôpital Pandu pour secourir les femmes victimes de viols causés par les groupes armés présents dans l’est du pays. En moyenne, 300 femmes se rendent chaque mois dans son hôpital, qui dispose de 300 lits. Son nom a été suggéré plusieurs fois pour le prix Nobel de la paix. Il a déjà été récompensé par de multiples prix, dont le prix de l’ONU pour les droits de l’Homme, pour son dévouement auprès de toutes ses femmes meurtries. Bien qu’il travaille au péril de sa vie et de sa famille, le gynécologue obstétricien n’a jamais abdiqué face aux menaces des milices armées. D’ailleurs fin 2012, il a été victime d’une tentative d’assassinat.
« Il redonne une seconde vie aux victimes de violences sexuelles »
Sa notoriété et ses récompenses ont permis au monde entier d’avoir connaissance des atrocités que vivent les femmes abusées dans le Kivu. Mais la communauté internationale n’a toujours pas concrètement agi face à cette situation, estime-t-il. Pourtant, pour le médecin, « le monde devrait proclamer que le viol de guerre est aussi grave que l’arme chimique et décréter qu’il s’agit là d’une ligne rouge fatale ». Toutefois selon lui, « la position ferme de la France et du Président Hollande sur le recours aux armes chimiques a fait bouger le monde. Sa voix exprimée fortement au Conseil de sécurité de l’ONU, et de façon générale en Afrique, sur le sujet du viol utilisé dans les conflits, pourrait faire une différence ».
Selon cette proche du médecin, contacté par Afrik.com, « il vient en aide aux femmes violées en essayant de leur donner une deuxième vie : sexuelle, sociale et familiale. Quand on l’écoute, on se rend très vite compte qu’il a vu des actes barbares sans nom, mais cela ne l’empêche pas de continuer à avoir de l’espoir ». D’après elle, « pour l’avoir connu étant toute petite, je pense qu’au delà de tout ce qui peut se dire autour de lui, le docteur Mukwege est un homme consciencieux qui fait bien son travail, indique cette proche. Avant les guerres à répétition dans le sud Kivu, son nom était déjà sur toutes les lèvres. C’était un bon gynécologue, s’il n’est pas l’un des meilleurs de la région. Son travail a pris de l’ampleur et de la notoriété quand il a commencé à soigner les victimes sexuelles des conflits. Cet homme a une expertise qui fait de lui ce qu’il est ! ».