Depuis plusieurs décennies, la province du Nord-Kivu, située dans partie Est de la République Démocratique du Congo, fait face à l’activisme de plusieurs groupes armés dont les Adf-Nalu. Ces deniers sèment la terreur dans plusieurs territoires de cette province. Des sources sur place rapportent que l’activisme de ces groupes armés a conduit aux massacres de plusieurs habitants des territoires dont Beni et déplacement massif des autres. Cette situation humanitaire alarmante a suscité plusieurs réactions des différentes couches sociales et faiseurs d’opinions de ce pays.
Des voix se sont levées pour dénoncer une tentative de balkanisation de cette partie de la RDC. L’Eglise, l’armée, la société civile et l’opposition ont toutes haussé le ton contre ce projet. Ces cris d’alarmes sont-ils à prendre au sérieux ? Sont-ils des signes avant-coureurs d’un plan machiavélique orchestré par les ennemis du Congo ? Telles sont les questions que les observateurs se posent autour de sorties médiatiques des faiseurs d’opinions.
Quand l’Eglise catholique prend les devants !
Les déclarations sur une tentative de balkanisation laisse croire que les signaux sont au rouge dans la province du Nord-Kivu longtemps victime d’une insécurité sans merci. Fridolin Ambongo n’est pas passé par quatre chemins pour montrer la gravité de la situation sécuritaire au Nord-Kivu. Après sa tournée diaconale dans le diocèse de Butembo-Beni, le prélat catholique a alerté la communauté sur la présence d’étrangers ougandais et rwandais dans plusieurs villages de ce territoire que les habitants ont fui suite aux guerres à répétition.
« Quand vous êtes sur le terrain, le constat montre très clairement que l’objectif de tous ces comportements c’est la balkanisation de notre pays. Cela se vérifie à travers le remplacement des populations déplacées par généralement des populations rwandophones ou ougandophones et ça se complique parce que nous avons une frontière non pas du type naturel. Il appartient aux autorités de Kinshasa de prendre en charge ce genre des questions ».
En République Démocratique du Congo où la population est majoritairement chrétienne, l’opinion accorde une certaine crédibilité à l’église catholique qui prends toujours position quand rien ne vas au pays. Nul besoin de rappeler le rôle qu’elle a joué dans la décrispation de la situation politique et la signature de l’accord de la Saint- Sylvestre, lequel accord a conduit à l’organisation des élections en 2018.
Ont-ils tous attendu la sortie médiatique du prélat catholique pour alerter à leur tour ? Etaient-ils au courant de ce plan de balkanisation ou ont-ils été emportés par l’observation de Ambongo ? Quoiqu’il en soit, l’opinion retiendra que sa tournée pastorale aura contribué à l’éveil des acteurs qui ont tour à tour émis des réactions dans le même sens.
Après l’alerte d’Ambongo, l’armée congolaise appelle la population à la vigilance
Les Forces armées de la République Démocratique du Congo ont l’avantage d’être en face des ennemis de la nation lors des affrontements. Une alerte lancée par cette armée quant aux risque d’une quelconque balkanisation est forcément fondée et ne peut souffrir d’aucun doute de la part des populations.
Le major Mak Hazukay, porte-parole militaire dans l’opération « Sokola I », a fait savoir, lors de sa sortie médiatique du 8 janvier, que le projet de balkanisation est aussi vieux que l’indépendance de la RDC. « La RDC vit les velléités des sécessionnistes depuis son ascension à l’indépendance, ce n’est plus une nouveauté », a-t-il dit dans sa communication.
D’après lui, la RDC est toujours victime des projets de Balkanisation qui se heurtent à la résistance des forces armées congolaises. Tout en promettant un échec à ce projet machiavélique, le speaker de l’opération « Sokola I » a appelé la population au renforcement de sa collaboration avec l’armée. Un appel répandu à travers les calicots placés par les forces armées de la République Démocratique du Congo dans la ville de Beni au Nord-Kivu.
« COOP NA BANGO EKOSIMBA TE ! Je suis FARDC » pour dire « leur mission ne tiendra pas ! Je suis FARDC » peut-on lire sur leurs calicots.
Faut-il prendre au sérieux la révélation faite par une trentaine des rebelles Adf capturés par l’armée. Ces rebelles ont laissé entendre que le projet était de créer un espace partant de Beni jusque dans l’Ituri, qui d’après eux, devraient s’installer un autre peuple ?
Le cadre de concertation de la société civile de la RDC a exhorté la Communauté internationale des pays de la région des Grands Lacs à prendre des initiatives et mesures adéquates pour mettre fin à ce projet de balkanisation qui pourrait mettre en mal la paix dans la sous-région.
« Nous exhortons la CIRGL ainsi que tous les ampliateurs à renforcer, en toute urgence, les mécanismes de suivi et vérification de cette alerte et prendre des mesures idoines, le plus tôt possible, en vue d’arrêter cette nouvelle aventure macabre dans la région de Grands Lacs », peut-on lire dans sa correspondance adressée au Président de la RDC, Félix Tshisekedi.
Si ce projet de Balkanisation est en cours, qui en sont les initiateurs ?
Très commenté par les Congolais, ce projet de balkanisation reste un arbre qui cache toute une forêt malgré le fait que les faiseurs d’opinions pointent certains voisins directs de la RDC. L’Eglise catholique, l’armée et la société civile de Beni, toutes pointent le Rwanda et l’Ouganda, deux voisins directs de la RDC.
La société civile de Beni a pour sa part alerté sur la présence d’infiltrés dans l’armée. Une situation, qui d’après elle, nécessite un nettoyage pour éviter le pire. A l’heure actuelle, aucun observateur averti ne peut affirmer quoique ce soit.