RDC : vers une renégociation des contrats d’exploitation minière


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Félix Tshisekedi
Le Président de la RDC, Félix Tshisekedi

Le Président congolais, Félix Tshisekedi, veut renégocier les accords d’exploitation minière signés il y a quelques années avec des entreprises étrangères qui, en réalité, en sont les seuls bénéficiaires.

Véritable « scandale géologique », la RDC regorge d’importantes ressources minières stratégiques comme le cobalt, le cuivre, le diamant, le zinc, entre autres, dont l’exploitation a été cédée, à la fin des années 1990, à des entreprises étrangères qui se sucrent sur le dos des Congolais. Pendant qu’elles engrangent des milliards de dollars, l’État congolais se contente de miettes. Cette situation n’a que trop duré, selon le Président Félix Tshisekedi qui entend y mettre un terme. En visite ce jeudi à Kolwezi, capitale mondiale du cobalt, le Président congolais a déversé tout son fiel.

« Des investisseurs étrangers arrivent ici les poches vides et repartent milliardaires. Pendant ce temps, nous, nous restons toujours pauvres. À partir de maintenant, les contrats seront gagnant-gagnant », fulmine Félix Tshisekedi qui n’ignore tout de même pas la responsabilité des Congolais eux-mêmes : « Je ne dis pas qu’ils sont les seuls responsables de cette situation, c’est surtout de notre faute, car les contrats avaient été mal négociés. Et les fonds issus de ces contrats ont été empochés par des individus ».
Alors que le pays était en difficulté financière à la fin des années 1990, ses dirigeants se sont laissés berner par le FMI et la Banque mondiale pour négocier des contrats scandaleux avec des entreprises qui ne leur ont vendu que du vent en échange d’importantes ressources minières.
Ce marché de dupe a été encore expliqué, il y a quelques jours, par le président de la Gécamines, Albert Yuma Mulimbi, au micro d’Alain Foka : « Quand l’État était seul avec son entreprise, la Gécamines, dans le secteur minier, produisait près de 500 000 tonnes par an, la Gécamines subvenait à près de 70% à tous les besoins budgétaires de l’État. Mais aujourd’hui, avec plus d’un million de tonnes exportées, ces entreprises ne contribuent même pas à 17% en revenus de l’État ».

Et l’homme de poursuivre : « Pendant 15 ans, 20 ans, alors qu’on nous avait promis des dividendes pour la Gécamines, des impôts pour l’État, pour nous reconstruire, rien n’est venu. Vous savez pourquoi ? Parce que ces entreprises ont pris nos gisements pour aller les donner en garantie à des banques étrangères et elles ont emprunté ; au lieu d’amener des capitaux qu’on nous avait promis, ce sont des prêts qu’on nous a amenés à des taux qui dépassaient 10% alors que nous savons qu’elles les avaient à 2 ou 3% ».

Le scandale géologique a donc généré un scandale économico-financier dont le peuple congolais est la seule victime : citoyens outrageusement pauvres d’un pays extraordinairement riche. Voilà la contradiction que Félix Tshisekedi ambitionne de corriger. Mais la tâche risque d’être ardue.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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