La tension monte d’un cran en RDC. Depuis ces derniers jours, de nombreuses manifestations de jeunes qui réclament le départ du Président Kabila ont eu lieu dans certaines des principales villes du pays (à Lubumbashi – La Kenya, Kasumbalesa, Matshipisha –, à Kinshasa ou encore à Goma). Mais l’événement, particulièrement grave, qui s’est déroulé ce soir à l’aéroport international de Ndjili de Kinshasa, témoigne d’une escalade de la violence dans ce pays-continent.
Alors qu’il patientait « tranquillement » dans le salon officiel, Tom Perriello, l’envoyé spécial des Etats-Unis pour la région des Grands Lacs, a été violemment pris à parti par Déo Indulu, un député du PPRD, le parti du chef de l’Etat Joseph Kabila, accompagné pour l’occasion par le président de la Ligue des jeunes du parti de Lambert Mende, le ministre de la Communication et porte-parole du Gouvernement.
Ces derniers, après s’être introduits dans le salon d’honneur de l’aéroport, ont verbalement – et très violemment, selon des témoins directs de la scène – pris à partie Tom Perriello, proférant insultes et menaces à son encontre et voulant même manifestement en venir aux mains. « Ce n’est pas aux Etats-Unis de nous dire quoi faire au Congo », a crié, furieux, le député du PPRD, le parti au pouvoir.
Les services du protocole, surpris par une telle scène, ainsi que le personnel de l’Ambassade, sont alors rapidement intervenus. Tom Perriello a été exfiltré sur le tarmac de l’aéroport où l’avion de ligne régulière Air France, qu’il devait prendre, attendait ses passagers pour l’embarquement en direction de Paris, où l’envoyé spécial américain devait se rendre en transit avant de regagner les Etats-Unis, sa destination finale.
Mais manifestement très remonté, Déo Indulu a suivi Tom Perriello jusqu’au pied de l’avion, continuant à insulter l’envoyé spécial des Etats-Unis sous l’œil médusé des autres passagers. Finalement, ce dernier sera invité à prendre place à l’intérieur de l’appareil, mettant ainsi un terme à cette agression verbale « qui était à deux doigts de se muer en agression physique », selon des témoins présents sur place.
Cet incident s’inscrit dans une séquence qui a vu ces derniers jours les autorités congolaises mettre en garde les Etats-Unis contre toute « tentative d’ingérence », alors que Joseph Kabila cherche à se maintenir au pouvoir en violation de la Constitution. Dans un communiqué publié ce soir, André-Alain Atundu, le porte-parole de la majorité présidentielle au Congo-Kinshasa, dénonçait « l’activisme débordant de Tom Perriello ». Un avertissement qui connaîtra son épilogue quelques heures plus tard à l’aéroport de Ndjili.
« Cet incident est très grave. C’est insensé de s’en prendre ainsi à l’envoyé du Gouvernement des Etats-Unis. Cela témoigne de la fébrilité actuelle des autorités de Kinshasa, très tendues à l’idée que les conclusions du dialogue ne soient pas acceptées comme un fait accompli tant par l’opinion publique que par la communauté internationale », nous indique un Professeur en sciences politique de l’UniKin. Selon la Constitution de RDC, demain 19 septembre, le corps électoral aurait dû être convoqué en vue de la tenue prochaine de l’élection présidentielle…