Le clergé kinois et le Conseil de l’apostolat des laïcs catholiques congolais (CALCC) ont appelé à un rassemblement jeudi en mémoire des manifestants chrétiens massacrés le 16 février 1992. Ils contestent aussi les résultats des élections présidentielles et législatives du 28 novembre 2011 remportées par le parti au pouvoir. L’opposition participera également à la manifestation. Mais des troubles pourraient bien éclater car la rentrée parlementaire ainsi que les obsèques d’Augustin Katumba Mwanke, le conseiller spécial du président Kabila, se tiendront le même jour.
C’est une journée à risques qui se profile jeudi en République démocratique du Congo (RDC). Trois évènements d’envergure sont prévus à Kinshasa et à l’intérieur du pays. L’archidiocèse de Kinshasa et le Conseil de l’apostolat des laïcs catholiques congolais (CALCC) ont appelé à une manifestation pour commémorer le massacre par les forces de l’ordre des manifestants chrétiens du 16 février 1992. Ils réclamaient, il y a 20 ans, la réouverture de la Conférence nationale souveraine (CNS), une lueur d’espoir dans la dictature installée par Mobutu. L’organisation catholique conteste également les résultats des élections présidentielles et législatives du 28 novembre 2011.
Le 12 janvier dernier, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) a estimé que ce scrutin était irrégulier, apportant ainsi son soutien à l’évêque de Kinshasa, le cardinal Laurent Monsengwo. Ce dernier avait déjà affirmé en décembre qu’elles « ne (reflètaient) pas la vérité des urnes ». Les manifestants réclameront aussi la démission de la Commission nationale et indépendante (CENI). L’opposition et de multiples associations ont prévu de se joindre au rassemblement.
Une manifestation ouverte à tous les Congolais
Selon Thierry Nlandu, porte-parole du CALCC et coordonnateur de la marche, elle devrait rassembler les fidèles de toutes les paroisses catholiques de Kinshasa et être ouverte à tous les citoyens congolais, rapporte Radio Okapi. Il a notamment précisé que le Conseil tenait à ce que la mobilisation reste pacifique. « S’il y a des hommes politiques qui veulent venir à cette marche, qu’ils ne viennent pas pour revendiquer des choses qui ne nous concernent pas. Si eux veulent avoir une marche avec des objectifs bien précis, qu’ils organisent leur marche après », a-t-il souligné.
De son côté, l’opposition a indiqué qu’elle se mobilisera « pour appuyer l’action des chrétiens. Pour elle, « la revendication fondamentale est que la vérité des urnes éclate au grand jour». L’ONG de défense des droits de l’Homme (Asadho) a, quant à elle, appelé mardi les autorités congolaises à garantir la tenue de cette marche dans le respect de la Constitution. Elle a invité, par ailleurs, les organisateurs à la tolérance et au respect des valeurs républicaines et démocratiques.
Des obsèques et une rentrée parlementaire
Le Parlement fait également sa rentrée ce jeudi. L’opposition, qui a brigué une centaine de sièges sur 500, est bien décidée à en découdre avec le parti au pouvoir. Etienne Tshisekedi, leader de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UPDS) avait au départ contesté les résultats des législatives. Cependant, sa formation politique est représentée par une soixantaine de députés, dont ceux de partis alliés. Le chef de l’UPDS est assigné depuis deux mois et demi à résidence, à son domicile de Limete. Plusieurs barrages ont été érigés par la police, l’empêchant de se déplacer. Mais, pour la première fois ce mardi, deux députés ont été autorisés à lui rendre visite. Pour le moment, le leader de l’opposition n’a pas indiqué la marche à suivre concernant cette première session parlementaire qui sera d’ailleurs présidée par un élu UDPS qui se trouve être le doyen de l’Assemblée nationale.
C’est dans ce contexte tendu que se tiendront également les funérailles d’Augustin Katumba Mwanke, conseiller spécial de Joseph Kabila, tué dimanche dans un accident d’avion, à Bukavu. Il sera inhumé à Pweto, dans sa province natale du Katanga. La disparition de ce proche de Joseph Kabila, comparé par certains à une éminence grise, devrait avoir des répercussions institutionnelles, selon Le Potentiel. Notamment sur l’Assemblée nationale où son actuel président, le professeur Evariste Boshab, est cité parmi les sucesseurs potentiels d’Augustin Katumba Mwanke.Une enquête a été ouverte sur les causes du drame qui a fait cinq morts. Selon les enquêteurs, une erreur de pilotage serait en cause.