
Une grave crise écologique et sanitaire secoue le parc national des Virunga, à l’Est de la RDC. Une cinquantaine d’hippopotames ont été retrouvés morts, probablement victimes de l’anthrax, une bactérie mortelle transmissible à l’homme.
Un drame écologique frappe le parc national des Virunga, à l’Est de la République Démocratique du Congo. Le mardi 8 avril, une cinquantaine d’hippopotames ont été retrouvés morts, flottant dans une rivière traversant cette réserve emblématique de biodiversité. Selon les premières analyses des autorités du parc, ces décès seraient dus à une contamination par l’anthrax, aussi appelé « maladie du charbon », une bactérie redoutable capable de survivre dans le sol pendant des décennies.
Ladislas Witanene, de la Congo Bassin Conservation Society, a précisé que les premiers cadavres ont été découverts aux abords du village de Lulimbi. Cette organisation, engagée dans la protection du bassin du Congo, alerte sur le danger potentiel pour les populations riveraines. En effet, l’anthrax est une maladie transmissible à l’homme, notamment par le biais de la viande ou de l’eau contaminée.
Épidémie d’anthrax dans le parc national de la Garamba
La situation est d’autant plus préoccupante que cette région de la RDC est en proie à des conflits armés récurrents, plongeant la population locale dans une grande précarité. En réaction, l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) et les responsables du parc des Virunga ont lancé une enquête approfondie pour identifier avec certitude la source de l’épizootie et mettre en œuvre des mesures de prévention. Des excavateurs ont été mobilisés pour retirer les carcasses animales de la rivière, afin de limiter la contamination de l’eau.
Les autorités appellent à la plus grande prudence : éviter tout contact avec les animaux morts, ne pas consommer de viande de brousse, et faire bouillir l’eau avant usage. Le parc des Virunga, patrimoine mondial de l’UNESCO, fait ainsi face à une grosse crise sanitaire et environnementale. Cette tragédie n’est pas un cas isolé. En effet, en 2004, la République Démocratique du Congo avait déjà été confrontée à une épidémie d’anthrax dans le parc national de la Garamba, situé dans la province du Haut-Uele.
Mort de plus de 200 éléphants
À cette époque, plusieurs dizaines d’hippopotames avaient également été retrouvés morts le long des rivières. Les analyses vétérinaires avaient confirmé la présence de la bactérie Bacillus anthracis, responsable de la maladie du charbon. Cette situation avait provoqué une vive inquiétude chez les communautés locales, qui, comme aujourd’hui, étaient tentées de consommer la viande des animaux morts. Des campagnes de sensibilisation d’urgence avaient alors été lancées par les autorités sanitaires, en collaboration avec des ONG environnementales, pour prévenir une éventuelle transmission à l’homme.
L’épisode avait mis en lumière les lacunes dans la surveillance épidémiologique de la faune sauvage, notamment dans les zones reculées. Un événement similaire a eu lieu au Zimbabwe en 2019, lorsqu’une soudaine épidémie d’anthrax a causé la mort de plus de 200 éléphants dans le parc national de Hwange. L’incident, initialement attribué au braconnage ou à la sécheresse, a finalement été lié à une contamination bactérienne. Là encore, le manque d’eau et les déplacements forcés des animaux vers des zones moins protégées ont été identifiés comme des facteurs aggravants.
Mort de plus de 300 têtes de bétail
Les autorités avaient dû mettre en quarantaine certaines zones et renforcer la surveillance vétérinaire. Cette crise avait suscité un débat sur le lien entre le changement climatique, le stress écologique et l’émergence de maladies zoonotiques dans les aires protégées. En Afrique de l’Ouest, le Mali a également connu une situation comparable en 2021, lorsqu’une flambée d’anthrax a touché des troupeaux de bovins dans les régions de Mopti et Ségou. Plusieurs éleveurs avaient été infectés après avoir manipulé ou consommé de la viande contaminée.
L’épidémie avait causé la mort de plus de 300 têtes de bétail et contraint les autorités à mettre en œuvre une campagne de vaccination d’urgence, malgré des moyens logistiques limités. Ce genre d’incident démontre que l’anthrax reste une menace persistante, notamment dans les zones où l’interaction entre l’homme, les animaux domestiques et la faune sauvage est intense.