Les violences à Goma ont fait plus de 900 morts en deux semaines. Elles ont été exacerbées par les affrontements entre les rebelles du M23 et les forces gouvernementales. Alors que la situation humanitaire se dégrade, l’OMS met en garde contre la propagation de maladies. Un cessez-le-feu unilatéral a été annoncé, mais la situation reste incertaine.
Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu, à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) vit des moments troubles avec des violences ont provoqué la mort de plus de 900 personnes au cours des deux dernières semaines. Un précédent bilan faisait état d’au moins 700 morts. Les affrontements entre les rebelles du M23 et les forces gouvernementales ont atteint des niveaux alarmants, selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le bilan, qui continue de s’alourdir, inclut également près de 2 880 blessés, soignés dans différents établissements médicaux de la ville.
Contrôle de plusieurs localités stratégiques du Nord-Kivu
Le communiqué de l’OMS, publié lundi soir, met en relief la gravité de la situation. L’organisation a exprimé de fortes préoccupations face au risque accru de propagation de maladies telles que le mpox, le choléra et la rougeole, en raison des conditions sanitaires précaires dans lesquelles se trouvent les milliers de déplacés. Les tensions dans la région du Nord-Kivu ont pris une tournure particulièrement violente ces dernières semaines.
Le M23, un groupe rebelle congolais formé en 2012, a intensifié ses attaques contre les forces armées de la RDC (FARDC). Ce groupe, qui a fait une brève apparition sur la scène en 2012 avant d’être défait en 2013 par les forces congolaises et les Casques bleus de la Monusco, a refait surface en 2022. Depuis lors, il a pris le contrôle de plusieurs localités stratégiques du Nord-Kivu, notamment en raison de son pouvoir militaire renforcé.
Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23
Le M23 a récemment annoncé avoir pris le contrôle de Goma. Face à cette prise de pouvoir, les autorités congolaises ont promis de reprendre la ville. Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement les rebelles du M23. Kinshasa affirme que le Rwanda, par le biais de son armée, fournit un soutien direct au groupe rebelle, notamment en leur livrant des armes et des munitions. Cependant, Kigali dément catégoriquement ces accusations et rejette les rapports des Nations Unies qui établissent des liens entre les rebelles et le Rwanda.
Le M23, ou Mouvement du 23 mars, tire son nom de l’accord de paix signé le 23 mars 2009 entre le gouvernement congolais et un précédent groupe rebelle, avant sa résurgence en 2022. Formé initialement par des militaires dissidents de l’armée congolaise, le M23 a revendiqué la défense des droits des Tutsis congolais, mais ses actions ont souvent été perçues comme une tentative d’accaparer les ressources minières de la région du Kivu. L’ampleur des combats, notamment autour de Goma, a conduit à de nouveaux déplacements massifs de civils, exacerbant la crise humanitaire.
Les arguments du Rwanda et les préoccupations sécuritaires
Les accusations du gouvernement congolais, qui évoque l’ingérence du Rwanda, ne sont pas nouvelles. Kinshasa accuse régulièrement Kigali de soutenir le M23 dans un but stratégique : contrôler les richesses minières du Kivu, une région riche en minerais précieux. Plusieurs rapports d’agences internationales, y compris ceux de l’ONU, ont pointé du doigt l’implication du Rwanda dans le conflit, bien que ces allégations soient fermement rejetées par le gouvernement rwandais.
Du côté du Rwanda, l’accusation d’ingérence dans les affaires congolaises est rejetée avec véhémence. Kigali affirme que le M23 est un mouvement purement congolais dirigé par des Congolais, malgré le fait que de nombreux membres de ce groupe parlent le kinyarwanda, la langue du Rwanda. Le gouvernement rwandais soutient que la RDC collabore activement avec des groupes armés qui menacent sa sécurité, notamment les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), responsables du génocide de 1994.
Un cessez-le-feu fragile
Selon Kigali, ces alliances de la RDC avec des groupes armés rwandais ont pour objectif de déstabiliser le gouvernement rwandais et de renverser son régime. Ainsi, le Rwanda considère le M23 non seulement comme un groupe rebelle congolais, mais aussi comme une menace sécuritaire directe. Dans ce contexte, Kigali justifie son soutien à ce mouvement par la nécessité de se protéger contre ce qu’il perçoit comme une menace venant de l’Est de la RDC.
Toutefois, ce discours n’a pas empêché les tensions diplomatiques entre les deux pays voisins. Face à l’escalade de la violence, l’Alliance Fleuve Congo, une coalition de groupes rebelles actifs dans l’Est de la RDC, dont le M23 fait partie, a annoncé un cessez-le-feu unilatéral, à partir du 4 février.