Le bassin forestier de la République Démocratique du Congo (RDC) ne bénéficie pas des financements internationaux nécessaires pour soutenir son rôle dans la lutte contre le changement climatique. C’est ce qu’a indiqué un rapport produit par le Groupe d’Études sur le Congo et l’institut congolais Ebuteli. Le document souligne que malgré son importance écologique et ses ressources naturelles stratégiques, la RDC est largement sous-financée.
La RDC, pays d’Afrique centrale parmi les plus pauvres au monde, abrite 60% de la forêt tropicale du bassin du Congo, une région essentielle pour la régulation du climat grâce à sa capacité d’absorption massive de carbone. En outre, le pays possède de nombreux minerais cruciaux pour la transition écologique mondiale. Cependant, les fonds promis par les pays industrialisés restent insuffisants pour permettre à la RDC de remplir pleinement ce rôle écologique.
Financements climatiques dirigés vers des économies émergentes
Depuis 2010, les pays riches se sont engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an pour aider les nations en développement à faire face au changement climatique. Cependant, selon le rapport, ces fonds sont davantage dirigés vers des économies émergentes comme la Chine, le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud, qui concentrent aussi l’essentiel des investissements directs étrangers.
La RDC est en situation de précarité pour financer leurs projets climatiques. Entre 2016 et 2020, le pays n’a reçu que 220 millions de dollars sur les 1,1 milliard initialement attendus via l’organisme national de gestion des fonds climatiques, souligne l’étude. Cette insuffisance compromet la capacité du pays à prendre en main des initiatives importantes pour la préservation de ses forêts et de ses tourbières, vitales pour le stockage de carbone et la biodiversité.
Inciter les bailleurs de fonds internationaux à investir
Les experts notent que, pour obtenir un financement climatique plus soutenu, la RDC doit mettre en place des réformes en profondeur. Parmi les recommandations figurent le renforcement de la gouvernance, l’amélioration du climat des affaires, la stabilité politique et socio-économique, ainsi qu’un cadre réglementaire plus transparent. Ces conditions pourraient inciter davantage les bailleurs de fonds internationaux à investir dans la préservation des ressources naturelles du pays.
Cette situation de sous-financement alimente une perception croissante dans le pays, selon laquelle la RDC serait victime d’un « complot international » visant à profiter de ses ressources sans en offrir de contreparties financières équitables. Beaucoup y voient une forme d’« échange inégal » dans lequel la RDC se retrouve à jouer un rôle essentiel pour le climat mondial sans recevoir les moyens suffisants pour se développer durablement.
Cette situation contraste avec celle de son voisin du Congo Brazzaville qui, sous l’impulsion du président Denis Sassou Nguesso, mène depuis plus de 40 ans une politique active de préservation de son environnement, centrée sur le bassin du Congo, ressource vitale pour la biodiversité mondiale et la lutte contre le changement climatique. Sous la direction de la ministre Arlette Soudan-Nonault, des partenariats internationaux, notamment avec le REDD+ et le Fonds pour l’Environnement Mondial, soutiennent ces efforts par des financements conséquents. Ainsi, le Congo Brazzaville se positionne en leader africain de la conservation écologique et de la lutte contre la déforestation.
Revoir la distribution des fonds climatiques
Les auteurs du rapport appellent donc la communauté internationale à revoir la distribution des fonds climatiques afin de mieux soutenir les pays comme la RDC. Ils insistent sur le fait que les forêts du bassin du Congo représentent le deuxième plus grand puits de carbone au monde après l’Amazonie. D’où, selon eux, la nécessité de veiller à leur préservation pour limiter le réchauffement climatique global.
Les auteurs mettent en garde qu’en omettant d’investir de manière significative dans cette région, les pays industrialisés pourraient mettre en péril des efforts climatiques qu’ils promeuvent par ailleurs. Le rapport conclut en insistant sur l’urgence de ces réformes et du soutien financier accru pour que la RDC puisse protéger efficacement ses forêts, avec des bénéfices à la fois pour son développement local et la lutte contre le changement climatique global.