Lors de son discours prononcé ce mardi 24 décembre à Kananga, dans la province du Kasaï-Central, le président de la République Démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a réaffirmé sa volonté d’entreprendre une réforme constitutionnelle en profondeur. Devant une foule attentive, il a réitéré son engagement à mettre en place les changements nécessaires en fonction des aspirations du peuple congolais.
Tshisekedi a également appelé les citoyens à s’impliquer activement dans ce processus, soulignant que la décision finale sur la révision de la Constitution reviendrait directement au peuple souverain.
Félix Tshisekedi tire sur Joseph Kabila
« Nous sommes à votre service. Si vous souhaitez modifier la Constitution, nous le ferons. Si vous préférez la garder telle quelle, nous la conserverons », a déclaré Félix Tshisekedi, insistant sur sa flexibilité et son ouverture quant aux attentes de la population. Le président a précisé que, l’année prochaine, une commission multisectorielle serait formée pour étudier et proposer des modifications à la Constitution, si nécessaire. Cette déclaration intervient dans un contexte où les débats sur la révision constitutionnelle sont fréquents en RDC, notamment sur la question de la limitation des mandats présidentiels et d’autres aspects institutionnels.
Dans le même temps, le Président congolais a vivement critiqué ceux qu’il considère comme des adversaires politiques, les accusant de propager des mensonges pour détourner les citoyens de leurs projets réels. Il a particulièrement visé les anciens dirigeants du pays, leur reprochant de n’avoir rien apporté à la nation durant leurs longues années au pouvoir. « Ne vous laissez pas tromper par ceux qui ont dirigé ce pays pendant 18 ans sans rien vous donner », a-t-il lancé, faisant référence à l’ancien Président Joseph Kabila et à ses alliés politiques.
… et dresse un bilan de ses réalisations
Cette déclaration a été perçue comme un nouveau coup porté à l’héritage de son prédécesseur, dans le cadre de la lutte pour la réaffirmation de son autorité politique. Au-delà de la question de la révision constitutionnelle, Félix Tshisekedi a également profité de cette occasion pour dresser un bilan de ses réalisations depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2019. Parmi ses principales réussites, il a mis en avant la mise en œuvre du programme de développement local visant à soutenir les 145 territoires de la RDC.
Il a également souligné les progrès réalisés dans le secteur de la santé, avec l’instauration de la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les nouveau-nés, ainsi que la gratuité de l’enseignement de base, des mesures qui, selon lui, contribuent à l’amélioration du quotidien des Congolais les plus vulnérables. La question de la réforme constitutionnelle n’est pas sans rappeler les tensions politiques qui secouent la RDC depuis plusieurs années, notamment en ce qui concerne l’équilibre des pouvoirs et la lutte pour une gouvernance plus inclusive et transparente.
Rivalités internes au sein de la classe politique
Le mandat de Félix Tshisekedi a été marqué par une forte opposition de la part de certains membres de l’ancien gouvernement, en particulier de ceux proches de l’ex-président Joseph Kabila, qui a occupé le poste pendant 18 ans. Depuis son élection, Tshisekedi a dû naviguer entre ses ambitions de modernisation et les défis d’une transition politique difficile, marquée par les rivalités internes au sein de la classe politique congolaise.
Ces tensions internes, exacerbées par des enjeux géopolitiques régionaux, notamment la relation avec le Rwanda, ont également occupé une place importante dans l’agenda de Tshisekedi. En effet, depuis son arrivée à la tête de la RDC, le président congolais a dû faire face à des relations tendues avec le Rwanda, en particulier en raison du soutien présumé de Kigali aux rebelles du M23, un groupe armé actif dans l’est de la RDC.
Le Rwanda pointé du doigt
Ces tensions ont non seulement déstabilisé la région, mais ont aussi posé des défis diplomatiques considérables pour Tshisekedi, qui a dû jongler entre la gestion de cette crise et ses priorités internes de réformes. La question du M23, exacerbée par des accusations de soutien militaire en provenance de Kigali, a été au cœur des débats diplomatiques entre les deux pays voisins. Le Rwanda nie toute implication dans les activités des rebelles, mais les autorités congolaises ont régulièrement dénoncé cette ingérence, ce qui a aggravé les tensions.
Le rôle du Rwanda dans ce conflit reste l’un des principaux défis auxquels Félix Tshisekedi doit faire face sur la scène internationale, et l’implication de ses forces armées dans la gestion des tensions avec le M23 ne fait qu’intensifier la complexité de la situation.