Félix Tshisekedi vient de valider le choix de l’Assemblée nationale qui a désigné Denis Kadima comme président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). En dépit du manque de consensus autour de ce choix.
Vendredi soir, le Président Félix Tshisekedi s’est adressé à la nation congolaise. Dans son allocution, il s’est prononcé sur le sujet brûlant de la désignation de Denis Kadima à la tête de la CENI. Le chef de l’État congolais a mis fin à la polémique en validant le choix porté sur Denis Kadima et son équipe. Pour Félix Tshisekedi, «malgré le manque de consensus, une majorité claire s’est dégagée au profit d’un candidat (Denis Kadima, ndlr) et cela selon la charte des confessions religieuses» et cette procédure a été «régulièrement inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale et 12 PV sur les 15 ont bien été reçus, examinés et entérinés par la chambre basse». Toutes choses qui, d’après lui, avaient fait défaut en 2020 au moment où le FCC avait désigné Ronsard Malonda comme successeur de Corneille Nangaa à la tête de l’institution électorale. À cette époque, il y avait également eu de vives contestations dans tout le pays. Et là, Félix Tshisekedi avait refusé de valider la désignation de ce proche du camp Kabila.
Une décision malgré l’absence de consensus
Mais cette fois-ci, Félix Tshisekedi est passé à l’acte, en dépit du manque de consensus. En effet, deux des huit confessions religieuses – les catholiques et les protestants – n’ont pas entériné ce choix. Pas plus que le parti Ensemble pour la République, membre de l’Union sacrée de la nation, majorité constituée par le chef de l’Etat. Le président de ce parti, Moïse Katumbi, a tout fait pour dissuader son allié Félix Tshisekedi d’approuver le choix porté sur Denis Kadima. Le 18 octobre dernier seulement, Moïse Katumbi a d’ailleurs adressé une lettre au Président Félix Tshisekedi dans ce sens.
« En nous rassurant hier dans vos discours que vous ne laisseriez aucun engagement politique de quelque nature que ce soit primer sur l’intérêt supérieur du peuple congolais et en nous assurant que vous ne ménageriez aucun effort pour préserver la paix et l’unité nationale, vous me donnez aujourd’hui l’occasion de vous demander de rejeter purement et simplement la liste entérinée par l’Assemblée nationale. Cautionner les irrégularités qui ont émaillé le processus d’entérinement des membres de la CENI conduira inévitablement le pays vers un nouveau cycle de désordres », a-t-il indiqué dans le courrier.
Puis il a poursuivi : « Hier, vous avez rejeté une première fois et à juste titre une première liste non consensuelle. Nul ne peut envisager un seul instant qu’aujourd’hui vous puissiez avaliser le travail partisan d’une commission paritaire contestée au risque de jeter sur la CENI un tel voile de suspicion qu’il lui sera impossible d’accomplir sa mission d’organiser, en toute indépendance, neutralité et impartialité des scrutins libres, démocratiques, transparents et inclusifs ».
Mais aucun de ces mots n’a eu le moindre effet sur Félix Tshisekedi qui a choisi de faire tout le contraire de ce que lui a recommandé son allié Moïse Katumbi. Aussitôt après le discours du chef de l’État congolais, Dieudonné Bolengetenge, le secrétaire général du parti de Moïse Katumbi s’est confié à RFI : «Nous allons nous assumer, comme tous ceux qui ne sont pas d’accord. La CENI est constituée dans un cafouillage constaté par plusieurs composantes de la nation congolaise. Il y a lieu de craindre que les élections soient organisées dans le même cafouillage et que les résultats soient programmés de la même manière. Et ça, c’est inadmissible (…) Ce début annonce la fin, et si nous ne voulons pas nous y résigner, nous devons tirer les conséquences qui s’imposent».
En entérinant le choix de Denis Kadima, Félix Tshisekedi a donc contre lui, non seulement toute l’opposition représentée par le FCC, Lamuka, entre autres, mais également des membres de sa propre famille politique. Si la position de Moïse Katumbi ne souffre d’aucune ambiguïté, celle de Vital Kamerhe reste à clarifier. Les pions semblent se poser pour une nouvelle crise politique en RDC.