RDC : tensions autour de la révision constitutionnelle


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Zoe Kabila
Zoe Kabila

En République Démocratique du Congo (RDC), le climat politique est de plus en plus tendu, alors que le Front commun pour le Congo (FCC), l’alliance politique de l’ancien Président Joseph Kabila, s’oppose fermement au projet de révision de la Constitution présenté par le président Félix Tshisekedi. Dans un communiqué diffusé le 27 octobre au soir, le FCC a lancé un appel à la mobilisation pour faire échouer cette réforme, qualifiant le projet de « non catégorique et cinglant ».

Félix Tshisekedi est arrivé au pouvoir en janvier 2019, après des élections controversées qui ont été marquées par des accusations de fraude et d’irrégularités. Son ascension a été vue comme une opportunité pour le changement et une rupture avec l’héritage de Joseph Kabila, qui a régné pendant 18 ans. Tshisekedi a promis des réformes et un renouveau démocratique, mais sa présidence a rapidement été confrontée à des défis importants, notamment la gestion des attentes populaires et la nécessité de stabiliser le pays après une période de tensions politiques et sociales.

Se servir de la révision constitutionnelle

Tshisekedi est souvent soupçonné d’avoir conclu un « deal » avec Joseph Kabila pour assurer une transition pacifique du pouvoir. Ce pacte implicite aurait permis à Kabila de conserver une influence significative sur les affaires politiques, tandis que Félix Tshisekedi bénéficierait du soutien de l’appareil étatique et des ressources. Cependant, cette entente n’a pas été sans conséquences, car elle a engendré des critiques sur le manque de véritable changement et a exacerbé les tensions entre les deux camps.

La situation sécuritaire en RDC est également préoccupante. Le pays fait face à des violences persistantes dans l’Est, où plusieurs groupes armés, notamment des milices locales et des forces rebelles, continuent d’opérer. La gestion de cette crise sécuritaire a été une des promesses centrales de Tshisekedi, mais ses efforts pour restaurer la paix se heurtent à des obstacles considérables. Le FCC accuse le Président de ne pas avoir réussi à garantir la sécurité des citoyens et de se servir de la révision constitutionnelle comme d’un écran de fumée pour détourner l’attention de son incapacité à gérer cette crise.

Le FCC accuse Tshisekedi de « machination politique »

Dans son communiqué, le FCC déclare que la réforme proposée est une « machination politique » qui risque de mettre en péril « la paix, l’unité et la stabilité du pays ». Les membres du FCC soutiennent que la Constitution de 2006 a été élaborée par des Congolais et représente la diversité de la nation, et non le produit d’impositions étrangères, comme le suggère Tshisekedi. Ce rejet des arguments du président souligne les fractures profondes qui persistent dans le paysage politique congolais.

Le FCC a appelé le peuple congolais à se « lever » pour défendre ses droits, sa liberté et sa souveraineté. Cette mobilisation vise à rappeler aux citoyens l’importance de leur voix dans les décisions qui les concernent, particulièrement en matière de gouvernance et de réformes institutionnelles. Le spectre de la contestation populaire, qui avait été si palpable lors des tentatives de Kabila de modifier la Constitution, en 2015, pourrait resurgir. Ce qui  alimente des craintes d’une escalade de la violence et de l’instabilité.

Tandis que Félix Tshisekedi continue de faire avancer son projet de révision constitutionnelle, la réaction du FCC pourrait non seulement affecter son administration, mais aussi influencer l’avenir politique de la RDC. Le pays se trouve à un carrefour crucial, où le choix entre le dialogue et la confrontation déterminera le chemin vers la stabilité et la prospérité.

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Très attaché à l’Afrique Centrale que je suis avec une grande attention. L’Afrique Australe ne me laisse pas indifférent et j’y fais d’ailleurs quelques incursions
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