En RDC, Stanis Bujakera est maintenu en prison, ce mardi soir. Conséquence de l’appel interjeté par le ministère public.
Condamné à la peine de six mois de détention, lundi soir, par le tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe, le journaliste congolais Stanis Bujakera devrait logiquement libérer sa cellule de la prison centrale de Makala, ce mardi. Puisque sa détention préventive avait déjà couvert la durée de la condamnation. C’est ce qu’il s’apprêtait à faire – toutes les formalités à cet effet étant remplies – lorsque sa sortie de prison a été annulée. Puisque le ministère public, qui avait requis la peine de 20 ans de prison ferme contre le journaliste, a interjeté appel. C’est donc parti pour un nouveau procès dont la date reste à connaître.
«Ce qui est déplorable dans cette affaire, c’est l’état de la justice congolaise»
Le maintien en détention de Stanis Bujakera a été vivement critiqué par ses avocats qui, depuis le début de la procédure, plaidaient pour l’acquittement et la relaxe pure et simple de leur client contre qui le ministère public n’a pu sortir le moindre début de preuve. «Ce qui est déplorable dans cette affaire, c’est l’état de la justice congolaise, qui donne au ministère public des prérogatives énormes pour pouvoir carrément être dépositaire des libertés individuelles», déclare Me Charles Mushizi, un des avocats du journaliste. Avant de préciser : «C’est lui qui accuse, fait les enquêtes, l’instruction, vient en accusation, fait le réquisitoire, exécute les peines, vient en appel pour suspendre les décisions». Et de déplorer : «C’est encore un coup tordu envers la liberté de la presse et la liberté d’expression en RDC».
Ce curieux feuilleton judiciaire est donc loin d’avoir livré son dernier épisode. Une affaire dans laquelle un journaliste a été arrêté sans convocation préalable, jeté en prison quelques jours plus tard, sans possibilité de remise en liberté provisoire. Quoique confondu par les avocats de la défense et les différentes expertises sollicitées dans le dossier, le ministère public requiert quand même la lourde peine de 20 ans de prison ferme contre le journaliste. Et fait appel de la décision du tribunal qui a retenu la peine de six mois de prison ferme.