Les chefs de la diplomatie de la République Démocratique du Congo (RDC), du Rwanda et de l’Angola se sont réunis à Luanda pour débattre du plan harmonisé visant à résoudre la crise persistante dans l’est du Congo. Cette rencontre marque une étape supplémentaire dans les efforts régionaux pour apaiser les tensions entre Kinshasa et Kigali.
Le conflit entre la RDC et le Rwanda trouve ses racines dans les conséquences du génocide rwandais de 1994. L’afflux de réfugiés rwandais, dont des miliciens hutus, a exacerbé les tensions ethniques et sécuritaires dans l’est de la RDC. Cette région, riche en ressources naturelles, est depuis devenue le théâtre de conflits armés impliquant des groupes rebelles, notamment le M23, accusé d’être soutenu par le Rwanda. Le retour en force du groupe rebelle M23, en 2022, a ravivé les tensions.
Accusé de mener des offensives contre les forces congolaises avec le soutien présumé de Kigali, le M23 a pris le contrôle de plusieurs localités dans le Nord-Kivu. Kigali, de son côté, nie ces accusations et affirme que le conflit est une affaire interne à la RDC. Face à l’impasse, l’Angola s’est positionné comme un acteur clé de la médiation. En 2023, le Président angolais, João Lourenço, a initié plusieurs pourparlers entre les parties. Notamment en mettant en avant la nécessité d’un dialogue régional pour stabiliser la région des Grands Lacs.
Plan harmonisé pour la paix et accusations réciproques
La rencontre de Luanda s’inscrit dans cette dynamique de médiation. Le plan discuté à Luanda a été élaboré par des experts régionaux, en octobre 2024. Il propose une approche intégrée, combinant désarmement des groupes armés, réforme du secteur de la sécurité en RDC et renforcement des mécanismes de coopération transfrontalière. Cependant, la mise en œuvre de ce plan reste incertaine, en raison de la méfiance mutuelle entre Kinshasa et Kigali.
Les discussions sont souvent entravées par des accusations réciproques. La RDC reproche au Rwanda de soutenir activement le M23 pour s’emparer des ressources du Congo. Kigali accuse en retour Kinshasa de collaborer avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé hutu responsable de violences au Rwanda. Au-delà des enjeux sécuritaires, la crise est alimentée par des rivalités économiques.
Des sanctions imposées à certains acteurs
L’Est de la RDC regorge de minerais stratégiques, comme le coltan et le cobalt, indispensables à l’industrie technologique mondiale. Cette richesse attise les convoitises et alimente la prolifération des groupes armés. La communauté internationale, notamment les Nations unies et l’Union africaine, suit de près cette crise. D’ailleurs, des sanctions ont été imposées à certains acteurs, mais l’efficacité de ces mesures est limitée. La MONUSCO, la mission de l’ONU en RDC, a été critiquée pour son incapacité à protéger les civils et à neutraliser les groupes armés.
Depuis le début de la crise, plusieurs accords ont été signés, notamment ceux d’Addis-Abeba en 2013 et de Nairobi en 2022. Cependant, ces initiatives ont souvent échoué à cause d’un manque de suivi et de la persistance des causes structurelles du conflit. La réunion de Luanda suscite des attentes modérées. Les acteurs régionaux espèrent que ce plan harmonisé permettra de dépasser les blocages actuels. Alors que les négociations se poursuivent, les populations de l’Est de la RDC continuent de souffrir des violences.