La République démocratique du Congo (RDC) accuse le Rwanda de préparer une nouvelle attaque contre la ville de Goma, dans le Nord-Kivu, à l’est du pays. Kigali, soupçonné de soutenir les rebelles du CNDP de Laurent Nkunda, rejette toutes ces accusations. Mercredi, le CNDP a affirmé avoir pris le camp militaire de Rumangabo près de Goma, après de violents affrontements qui se sont déroulés toute la journée. Des négociations ont été entamées entre les facilitateurs internationaux et le CNDP ce jeudi pour calmer la situation.
« Il y a une attaque imminente des troupes rwandaises sur Goma, selon nos estimations. » Tels sont les propos de l’ambassadeur de la République démocratique du Congo à l’Onu, Atoki Ileka. Des propos qu’il fonde sur une « concentration, ces dernières heures, des troupes rwandaises dans la ville de Gisenyi, frontalière de Goma ». Selon lui, l’agression qui se prépare prendrait la forme d’une attaque du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), le groupe rebelle dirigé par Laurent Nkunda. Des soldats rwandais auraient même traversé la frontière depuis trois jours, rapporte BBC Africa, citant un gouverneur de la province du Nord-Kivu. « Le Rwanda est déjà en RDC », a déclaré, pour sa part, l’ambassadeur auprès des Nations unies sur la radio britannique.
En septembre, le président congolais, Joseph Kabila, accusait déjà son homologue rwandais de soutenir la rébellion qui met à feu et à sang l’est du pays. Depuis fin août dernier, de violents combats ont repris dans cette partie de la RDC entre les Forces armées de la République Démocratique du Congo et les hommes de Laurent Nkunda, en violation d’un accord de paix signé entre les différentes parties signées en janvier 2008.
Cette nouvelle accusation du gouvernement congolais survient alors que Laurent Nkunda a pris le camp militaire de Rumangabo après les violents combats qui ont opposés, toute la journée de mercredi, ses troupes à l’armée régulière. Son mouvement, le CNDP, a annoncé aussi la saisie d’importantes minutions. Kinshasa, dans la foulée, a saisi le
Conseil de sécurité des Nations unies pour, dit-il, lui « demander de mettre la pression nécessaire sur le Rwanda afin d’éviter de nouvelles agressions ». Pour les Congolais, l’attaque de mercredi est en réalité « l’œuvre des soldats rwandais ».
Des négociations ont été entamées dès ce jeudi matin
Faux, répond Kigali face à ces déclarations. Rosemary Museminari, ministre rwandaise des Affaires étrangères, a indiqué à BBC Africa que le Rwanda n’a aucune raison d’attaquer la RDC. « Nous n’avons envoyé aucune force spéciale à la frontière de la RDC », a-t-elle déclaré, ajoutant même que « la République démocratique du Congo cherche à dissimuler le vrai problème. » Pour elle, « le fait est que l’armée congolaise ne veut pas négocier avec les rebelles. » Toujours sur la même chaîne britannique, elle affirme que son pays « cherche simplement à sécuriser sa frontière avec la RDC ». Le représentant du président rwandais dans la région des grands Lacs, Richard Sezibera, accuse même la RDC de collaborer avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), selon des propos rapportés par la radio Okapi basée en République démocratique du Congo. Ce mouvement regroupe essentiellement des Hutus et des hommes de l’ancien président Juvénal Habyarimana.
Sur place, difficile de confirmer les différentes accusations. « Nous ne pouvons pas prouver que des soldats rwandais sont rentrés sur le territoire rwandais. Il est impossible de faire la différence entre un soldat rwandais Tutsi et les hommes de Laurent Nkunda qui, eux aussi, sont en grande majorité des Tutsis », a expliqué une journaliste de radio Okapi interrogée par Afrik.com, sous couvert d’anonymat.
Une situation humanitaire préoccupante
En 1996 et 1998, le Rwanda a activement soutenu des rébellions en RDC. La semaine dernière, Laurent Nkunda, qui prétend jusque-là vouloir défendre les intérêts des Tutsis dans la région a appelé les Congolais à la révolte. Il précisait ce même jour disposer d’une armée bien formée et disciplinée.
Ce jeudi matin, des discussions ont tout de même démarré entre les facilitateurs européens et le CNDP, indique radio Okapi. Il était question de négocier le retrait du CNDP des positions des Forces armées de la République démocratique du Congo à Rumangabo (FARDC) à 50 km au Nord de Goma. Selon la chaîne locale, le CNDP de Laurent Nkunda se serait dit prêt à quitter les lieux si des garanties suffisantes lui sont fournies. En fait, le CNDP voudrait reprendre ses positions occupées par l’armée régulière depuis plus de trois semaines.
Pour l’heure, le calme semble être revenu dans la zone de combat. Mais la situation humanitaire reste préoccupante. Selon des fonctionnaires des Nations unies sur place interogés par radio Okapi, près de 10 localités ont été vidées de leurs habitants dans la zone des combats. Une soixantaine de blessés ont déjà été recensés et plus 15 000 personnes ont fui les combats.
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