Le ministre des Affaires étrangères de la République Démocratique du Congo (RDC), Raymond Tshibanda, est aujourd’hui à Bruxelles, première étape d’une tournée européenne dont l’objectif est double. D’une part, protester contre les conditions d’accueil réservées par la Belgique aux participants du « Conclave de Genval » qui a réuni la semaine dernière l’opposition RD congolaise. D’autre part, tenter d’expliquer aux chancelleries les vertus du referendum que souhaite organiser Joseph Kabila afin de modifier la Constitution et se maintenir au pouvoir. Problème : l’intéressé ne serait que moyennement convaincu par la pertinence de cette nouvelle « mission impossible ».
« Envoyé à nouveau en mission impossible ». Voici résumé l’état d’esprit de Raymond Tshibanda, le ministre des Affaires étrangères RD congolais, par l’un de ses proches. Motif de cette complainte : le Ministre s’est vu intimer l’ordre d’effectuer une tournée en Europe afin de « vendre » aux appareils diplomatiques le referendum que le Président Joseph Kabila souhaiterait organiser afin de pouvoir modifier la Constitution et, partant, se maintenir au pouvoir. A cet effet, Raymond Tshibanda est parti hier soir de Kinshasa et a atterri ce matin à Bruxelles, première étape d’une tournée européenne devant le mener également à Paris. Particularité de son étape bruxelloise : « le ministre des Affaires étrangères doit, en outre, protester contre l’accueil réservé aux opposants congolais réunis en Conclave dans la capitale belge la semaine dernière », indique un membre de son entourage.
Mission opportune?
Mais l’intéressé, c’est le moins que l’on puisse dire, n’est pas très convaincu de l’opportunité d’une telle mission. D’une part – il en est certain –, la Belgique n’a pas fait preuve de favoritisme dans la délivrance de visas aux opposants congolais qui se sont rendus à Bruxelles. « Pour certains, la procédure d’urgence a été activée mais nous nous sommes tenus au strict cadre de la réglementation », confie un diplomate belge, avant d’ajouter : « nous agissons de la même manière lorsque les autorités congolaises souhaitent se rendre chez nous pour voir Etienne Tshisekedi. Le même traitement leur est réservé. » D’autre part, sur le fond, « l’idée de vendre l’organisation d’un referendum en vue de modifier la Constitution le met mal à l’aise car il sait que l’accueil sera glacial. « D’autant plus que, sur le fond, le Ministre n’est pas partisan de cette idée », indique l’un de ses proches.
Suite au Conclave de Bruxelles, le branle-bas-de-combat a été décrété au sein de la Majorité Présidentielle. Le chef de l’Etat, Joseph Kabila, se rend aujourd’hui en personne à Lubumbashi pour une réunion avec les Gouverneurs provinciaux afin d’évoquer l’éventuelle organisation d’un referendum. Mais l’hypothèse se heurte à une farouche opposition, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la RDC. « Vouloir organiser un référendum alors qu’on dit que les conditions ne sont pas réunies pour l’organisation des élections, ça n’est pas crédible », décrypte un analyste politique basé à Kinshasa. « Ce sont en effet les mêmes conditions qui doivent être réunies dans les deux cas, qu’il s’agisse du fichier électoral, de l’enrôlement de la population, des moyens financiers à déployer, etc., et la circonscription électorale – unique – est la même dans les deux cas : le territoire national ». Une analyse partagée en RDC par l’ensemble du corps diplomatique.
Raymond Tshibanda est coutumier de ces « missions impossibles ». Le même scénario s’était déjà produit à l’occasion de l’adoption de la Résolution 2277 des Nations Unies du 29 mars 2016. Il avait été dépêché à New York pour tenter de faire valoir des arguments contre l’adoption de ladite résolution. Une mission qui, de l’aveu même de son entourage, l’avait déjà mis mal à l’aise.