Près de trois semaines après la démission de Vital Kamerhe, président sortant du Parlement congolais, les députés doivent élire ce vendredi son successeur. Boshab Evariste, candidat de l’Alliance de la majorité présidentielle (AMP) dont est issu M. Kamerhe, et qui domine à l’Assemblée, serait le grand favori de cette élection. Il aurait été choisi par le président congolais, Joseph Kabila lui-même. Vital Kamerhe, viré de son poste par sa propre famille politique, poursuit sa résistance. Il a lancé un nouveau mouvement politique.
Les 500 parlementaires de la République démocratique du Congo (RDC) vont choisir ce vendredi le successeur de Vital Kamerhe au perchoir. Cette élection, qui survient près de trois semaines après la démission forcée du désormais ex-président de l’Assemblée nationale, permettra également de désigner un nouveau bureau de la chambre basse du Parlement.
Boshab Evariste pressenti à la place de Vital Kamerhe
Au total, 58 candidats sont en lice pour les sept postes à briguer. A la clôture de la campagne électorale, ce jeudi, cinq de ces prétendants visaient la présidence. Boshab Evariste et Mwamba François, respectivement, députés du Parti du peuple pour la reconstruction et le développement (PPRD au pouvoir), et du Mouvement de Libération du Congo (MLC, opposition), semblent être les grands favoris de cette élection, rapporte Digitalcongo. Mais c’est Boshab Evariste, semble choisi par Joseph Kabila lui-même, qui devrait facilement être élu à la place de M. Kamerhe. Il est le seul candidat de l’Alliance de la majorité présidentielle (AMP) qui a soutenu le président congolais lors de la présidentielle de 2006.
L’hypothèse de son éventuelle élection en inquiète plus d’un. Ceux-là estiment qu’Evarsite Boshab, obéissant au président congolais, ne serait que son porte-voix contrairement à Vital Khamerhe. Le président démissionnaire, également issu de l’AMP, a été éjecté de son fauteuil par sa propre famille politique, pour avoir osé critiquer une décision de Joseph Kabila. Le président congolais, avait donné son accord, en janvier, à l’entrée de l’armée rwandaise en RDC pour démanteler, aux côtés de l’armée congolaise, les bases des rebelles hutus du FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda). Vital Khamerhe, dans une intervention sur les ondes de la radio onusienne, Radio Okapi, avait alors qualifié cette décision de « très grave » pour le pays, signant ainsi sa déchéance. L’Alliance de la majorité présidentielle (AMP), dont il est issu, a mis tout en œuvre pour obtenir sa démission et celle du bureau qu’il dirigeait. Après quelques semaines de résistance, Vital Kamerhe a finalement jeté l’éponge, le 25 mars dernier, à la veille de la visite de Nicolas Sarkozy en RDC.
Le nouveau mouvement politique de Vital Kamerhe
« J’ai été astreint à la démission avec en prime une forte campagne de diabolisation et des injures gratuites sur ma personne à travers toute la presse, écrite et audiovisuelle tant privée que publique », avait alors déclaré M. Kamerhe devant un peu plus de 400 députés sur les 500 que compte cette instance convoquée en séance plénière. Depuis, la majorité présidentielle serait en proie à des dissensions, une partie de ses députés soutenant le président sortant.
Dimanche dernier, Vital Kamerhe a lancé, un nouveau mouvement politique qu’il dénomme Convention pour la défense de la démocratie et de la République. Son objectif, dit-t-il, est de « fluidifier le débat démocratique ». Il ne s’agit pas d’un « nouveau parti, encore moins une renonciation à toutes les valeurs défendues jusqu’alors, plus qu’il n’est une rupture avec une quelconque identité politique et non plus un groupe parlementaire au sein de l’Assemblée nationale », avait indiqué M. Kamerhe dans la déclaration de naissance de ce courant. Il a affirmé que le nouveau mouvement « est plus la matérialisation en acte d’une conviction, qu’en tout temps et en toute circonstance les députés doivent privilégier l’intérêt de la nation avant tout autre intérêt. Ils doivent savoir qu’ils ont un contrat qui les lie avec le peuple.»
Cette querelle, qui semble diviser la majorité au pouvoir, pourrait-t-elle profiter à l’opposition qui compte moins de 200 députés sur 500 ? Certains observateurs de la politique congolaise veulent le croire. Le vote de ce vendredi tranchera.
Photo: Digital Congo